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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 5
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [23]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0472

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

A52

d’une jeune fille, laquelle a copié en miniature une vierge de M. Le Brun. 11
a trouvé cela bien, et, au sujet des filles qui peignent, il a rapporté qu’Ur-
bain VIII disait que rarement peuvent-elles arriver à quelque perfection,
pour ce que, dès qu’elles commencent à peindre, l’on les louait tant qu’elles
s’estimaient avant qu’il en fût temps, et de plus qu’elles ne peuvent pas des-
siner bien comme les hommes, n’étant pas de la décence qu’elles dessinent
des nudités; que le meilleur avis qu’on leur pût donner, est qu’ayant à ne
faire que des copies, elles doivent choisir les ouvrages des plus excellents
maîtres. Ce graveur lui a montré ensuite de ses académies de lui dessinées à
la plume. De la première, il a dit qu’elle était bonne, à la seconde il a montré
une cuisse beaucoup plus grosse, et à la troisième il a trouvé les jambes
courtes. Sur cela il a dit que c’est la plupart du temps que le naturel n’est
pas beau, qu’il avait fait venir pour lui de Civita-Vecchia et de la Marche
d’Ancône de ces Levantins, pour lui servir de modèle, et qu’il s’en était bien
trouvé ; qu’il y avait un avis général à donner à ceux qui dessinaient après
nature, d'être sur leurs gardes, et de bien examiner le modèle, de faire les
jambes plutôt longues que courtes, qu’un tantin de plus que vous leur donnez
augmente la beauté, et le tantin de moins rend la figure lourde et pesante;
qu’aux épaules de l’homme il faut toujours leur donner plutôt du large que
de l’étroit, qui se voit d’ordinaire dans le naturel, faire la tête un peu plus
petite que grosse; aux femmes les épaules un peu plus étroites qu’on ne les
voit au naturel, Dieu ayant donné aux hommes la largeur aux épaules pour
la force et le travail, et le large aux hanches des femmes pour pouvoir nous
porter dans leurs flancs; les pieds, les faire plutôt petits que trop gros; que
l’on voit cela dans les beaux modèles et dans les antiques. Il a répété qu’il
fallait que le Roi en fît venir de Grèce; qu’il le mettrait sur le mémoire qu’il
a fait pour l’Académie; qu’outre cela il fallait que les chefs de l’Académie
fissent des discours pour l’instruction de la jeunesse et les faire différents
selon les différentes classes; qu’il fallait qu’il y en eût trois. Il a dit, au sujet
des figures d’académie qu’il venait de voir, qu’il avait trouvé par son étude
une chose pour la position des figures, qui était d’une grandissime impor-
tance, c’était leur pondération que l’on voyait dans le naturel; que rarement
un homme, s’il n’était fort vieux, pose-t-il que sur une jambe, qu’il fallait
observer que le poids du corps fût sur cette jambe et que naturellement
l’épaule, du côté de la jambe qui porte le corps, doit être plus basse que
l’autre, et que si l’on a levé un bras en haut, ce sera toujours celui opposé à
la jambe qui porte le corps; qu’autrement la grâce n’y est pas et la nature
est forcée ; qu’en observant les beaux antiques, il les avait tous trouvés tels.

M. du Metz était là qui a dit qu’il se souviendrait de ces belles observa-
tions. J’ai dit que c’était un grand bien pour ceux qui suivent ces professions
d'avoir de si bons enseignements, que cela leur abrège beaucoup d’années
qu’ils auraient à faire de ces recherches, et peut-être inutilement; qu’il y
avait peu de personnes qui ne fussent chiches de leurs études particulières;
qu’on enseignait assez les règles de l’art, mais celles que l’ouvrier s’était
faites à lui-même, jamais ou très rarement les enseignaient-ils ; qu’on était
bien obligé à M. le Cavalier d’en parler de si bonne foi. Le Cavalier a répondu
que ce [que nous avons, c’est Dieu qui nous l’a donné, que de l’enseigner
 
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