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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 5
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Chantelou, Paul Fréart de: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [23]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0481
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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER RERNIN EN FRANGE. 461

que le Cavalier avait dit, que ce n’était pas le portrait de ce grand peintre,
l’abbé l’a prié de mettre qu’il était de sa main. Des Célestins il a été à l’Ar-
senal, a vu les fonderies, s’est informé bien exactement de la terre dont l’on
se servait pour les fourneaux, de quoi on les faisait. L’on lui a dit de tuiles
de maison, et que la terre l’on la prenait à Cotbeil, mais le fondeur qui est
un Lorrain a dit qu’il la composait de diverses terres, pour empêcher qu’elle
ne fondît. Il lui a demandé combien il mêlait d’étain parmi l’alliage. Il a
dit : «Selon le métal, à l’un plus, à l’autre moins. » Il a dit à ce fondeur,
que quand il a fondu les grandes statues de la Chaise de Saint-Pierre, il avait
deux fourneaux pour fondre une figure.

De l’Arsenal il s’en est revenu à pied le long du port Saint-Paul jusques
à la Grève, considérant la situation de la tête de l’Ile. Remontés en carrosse,
nous sommes venus au Louvre où il a vu les fondations, où était le signor
Mathie, et l’ayant accompagné au palais Mazarin, je m’en suis revenu chez
moi. J’ai rencontré M. Perrault qui m’a demandé ce qui s’était fait. Je le lui
ai dit, que le Cavalier avait été par deux fois au Louvre. Il m’a demandé
s’il était content du mortier. Je lui ai dit qu’oui, qu’en maçonnant on mouil-
lait à la façon d’Italie, que la première assise de la fondation était mise et
que l’on en était à la seconde. 11 m’a demandé ensuite si je ne savais point
les cérémonies qui se pratiquaient à la position de la première pierre : •—
J’ai dit qu’à Rome l’on la mettait de marbre; — si l’Eglise n’y était point
appelée? — J’ai dit que je ne le croyais pas. Il m’a prié de m’en informer.

Le quatorzième, Bourdon m’est venu voir. Je l’ai mené chez le Cavalier et
nous sommes allés ensemble au Louvre l’y trouver, y étant allé dessiner un
piédestal pour le petit Christ du signor Paul. M. du Metz y est venu, qui a
fait apporter un tapis de toile d’or pour couvrir la table sur laquelle est posé
le buste du Roi. Nous sommes, après, allés voir les médailles de Sa Majesté.
D’abord le Cavalier a dit à M. l’abbé Bruneau qui en a la garde1, qu’il y a
trois choses que l’on regarde dans les médailles : l'histoire, la matière, y
en ayant de métaux et de pierres précieuses, et l’art avec lequel elles ont été
faites; que pour lui, il ne les regardait qu’à cause de l’excellence de l’ou-
vrage. Il en a vu, entre les autres, deux d’agathe, l’une grande et l’autre
petite, qu’il a trouvées extraordinairement belles, et quelques autres de
bronze, et a dit qu’il y avait une chose à observer, que celles des excellents
maîtres étaient en plus bas relief que les autres. 11 en a vu quelques-unes
de bronze fort belles, mais non pas grecques, les cassettes où elles sont
n’ayant pu s’ouvrir à cause que le bois s’en est déjeté. 11 en a vu une d’Anti-
nous qu’il a admirée et fait remarquer qu’elle est de très bas relief, et que
c’est le prohl de la figure de Phidias de Monte-Cavallo. Il a vu ensuite les
coquilles qu’il a trouvées belles, et sur quelques-unes de ces coquilles, il a
dit que les escaliers à lumaque2, comme on les appelle en Italie, en avaient

1. Sur cct abbé Bruneau, dont le nom est écrit de plusieurs manières (Brcnot, Brenot,
Brunot), voyez l’intéressant ouvrage de M. Chabouillet : Recherches sur les origines du Cabi-
net des médailles, 1874, in-8°, p. 24 et suiv. L’auteur est parvenu à reconstituer l’histoire de
ce personnage, qui fut assassiné par un voleur en novembre 1G66.

2. Lumaque, limaçon; lumaca.
 
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