DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Montaiglon, Anatole de: Jean Goujon et la vérité sur la date et le lieu de sa mort, 1: d'après un document découvert par M. Sandonnini
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0422
39â
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
qui la regarde se déplace, et doit, sur toutes ses faces, se composer avec
de nouvelles lignes et se tenir avec une valeur égale. La Diane supporte
victorieusement cet examen. Cette figure est d’ailleurs si connue qu’il est
inutile d’insister, si ce n’est pour dire que, si le choix du sujet est sorti
du nom de la Grande Sénéchalle comme l’ensemble des motifs de la déco-
ration du château, Diane n’a posé ni pour le corps ni même pour la tête,
qui ne ressemble pas à la sienne. C’est une œuvre d’art pur, une apo-
théose poétique, où triomphent la grâce et la beauté de la ligne féminine ;
ce n’est en rien un portrait.
Par contre, il serait vrai d’y voir une lutte volontaire avec Benvenuto
Cellini. Le bas-relief de bronze, que l’Italien avait fait pour François I,r
pour être la Nymphe de la fontaine de Fontainebleau à côté d’un cerf de
la forêt et de chiens de chasse, ayant été donné par Henri à sa maîtresse,
Philibert Delorme l’avait encastré dans le tympan extérieur de l’arc triom-
phal de l’entrée, et il était impossible de ne pas le voir puisqu’il était la
première chose qui frappait les yeux quand on franchissait la porte de
cette somptueuse demeure. Le cerf et les chiens se retrouvent dans le
groupe du sculpteur français, et il y a des ressemblances dans certains
détails de la pose. C’est bien la reprise du même thème; seulement,
autant la femme de l’orfèvre est sèche, disgracieuse et dégingandée,
autant la Déesse de Goujon est harmonieuse. C’est plus qu’une belle sta-
tue de Goujon; c’est l’un des anneaux de la chaîne d’or que la Statuaire
a consacrée dans le trésor de son temple.
ANATOLE DE MONTAIGLON.
(La fin prochainement.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
qui la regarde se déplace, et doit, sur toutes ses faces, se composer avec
de nouvelles lignes et se tenir avec une valeur égale. La Diane supporte
victorieusement cet examen. Cette figure est d’ailleurs si connue qu’il est
inutile d’insister, si ce n’est pour dire que, si le choix du sujet est sorti
du nom de la Grande Sénéchalle comme l’ensemble des motifs de la déco-
ration du château, Diane n’a posé ni pour le corps ni même pour la tête,
qui ne ressemble pas à la sienne. C’est une œuvre d’art pur, une apo-
théose poétique, où triomphent la grâce et la beauté de la ligne féminine ;
ce n’est en rien un portrait.
Par contre, il serait vrai d’y voir une lutte volontaire avec Benvenuto
Cellini. Le bas-relief de bronze, que l’Italien avait fait pour François I,r
pour être la Nymphe de la fontaine de Fontainebleau à côté d’un cerf de
la forêt et de chiens de chasse, ayant été donné par Henri à sa maîtresse,
Philibert Delorme l’avait encastré dans le tympan extérieur de l’arc triom-
phal de l’entrée, et il était impossible de ne pas le voir puisqu’il était la
première chose qui frappait les yeux quand on franchissait la porte de
cette somptueuse demeure. Le cerf et les chiens se retrouvent dans le
groupe du sculpteur français, et il y a des ressemblances dans certains
détails de la pose. C’est bien la reprise du même thème; seulement,
autant la femme de l’orfèvre est sèche, disgracieuse et dégingandée,
autant la Déesse de Goujon est harmonieuse. C’est plus qu’une belle sta-
tue de Goujon; c’est l’un des anneaux de la chaîne d’or que la Statuaire
a consacrée dans le trésor de son temple.
ANATOLE DE MONTAIGLON.
(La fin prochainement.)