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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 30.1884

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Nr. 6
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Sédille, Paul: L' architecture moderne à Vienne, 3
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Michel, André: À propos d'une collection particulière exposée dans la galerie de M. Georges Petit
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https://doi.org/10.11588/diglit.24584#0529

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A PROPOS D'UNE COLLECTION PARTICULIÈRE. 493

les quelques tableaux célèbres aujourd’hui remis sous nos yeux, comme
autant de témoins des diverses sortes de beauté et des idéals différents
où s’est tour à tour condensé le rêve changeant de l’inquiète humanité.
Chaque race, chaque génération, chaque homme l’a refait à sa manière
et sous des influences modifiées, ce rêve toujours repris et jamais achevé;
quand on passe en revue les œuvres où il s’est reflété, qu’on fait pour
chacune la part du temps, de la mode, des doctrines et des formules de
l’école, on constate que toutes — quelle que soit l’esthétique dont elles
relèvent, — tirent leur beauté propre et leur valeur durable du degré
de sincérité de l’artiste qui les créa. C’est ce qu’il a mis en elles de sa
propre substance, c’est ce qu’il a su nous révéler, dans sa langue spé-
ciale, de sa façon de comprendre et de sentir, qui nous attire, nous
persuade et nous retient; car, en dernière analyse, l’homme cherche
toujours l’homme, et, tout compte fait, — les questions de métier,
de système et de doctrine vidées, — ce qui reste au fond de l’histoire
de l’art comme de la littérature, ce sont des confidences échangées à
travers les siècles.

Nous pouvons en recueillir ici quelques-unes. De Rembrandt et Ru-
bens à Ribot, à Delacroix et à Baudry, de Véronèse à Fortuny, à Henri
Régnault et à de Nittis, de Thomas de Keijser à Bonnat, de Franz Mieris
le Vieux à Meissonier, de Teniers à Decamps, de Diaz, Fromentin,
Th. Rousseau, Corot àLhermitte, nous avons un ensemble de témoignages
éloquents, ou seulement autorisés, sur l’interprétation de la personne hu-
maine, de l’histoire et de la nature à des époques et chez des nations
différentes. Ce sont comme des voix tantôt ardentes et inspirées, tantôt
lentes et raisonneuses, tantôt distraites ou automatiques, tantôt pleines et
heureuses, tantôt inquiètes et angoissées, qui arrivent de tous côtés jusqu’à
nous... On nous permettra, dans ces notes rapides, de n’interroger que
les morts et de nous arrêter surtout devant ceux qui, tout près de nous,
semblent, quoique entrés dans le silence et l’éternel repos, encore chauds
des luttes soutenues au temps où ils étaient livrés aux disputes des
hommes.

Dès que Rembrandt paraît, il faut aller à lui. Le portrait de Jeune
fille que nous avons ici n’est pas de sa grande manière. On le présente
comme un portrait de sa sœur et, sans vouloir considérer cette attribu-
tion autrement que comme une hypothèse plausible, on pourrait peut-
être s’amuser à chercher dans l’air de tête et quelques traits du visage
une vague ressemblance avec trois portraits de Rembrandt que nous
avons au Louvre, datés de 1633, 1634 et 1637. C’est, en tout cas, entre
ces dates qu’il faut placer celui-ci, et plus près de la première que de la
 
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