Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Phillips, Claude: Les expositions de printemps à la Royal Academy et à la Grosvenor Gallery: correspondance d'Angleterre
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0085

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
76

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

éveiller les rêves passionnés. La coloration des draperies est d’un bleu ravissant
et pour ainsi dire inédit, — pareil à celui de certaines fleurs sauvages, — discrè-
tement avivé par les tons pourprés de l’anémone et par un autre bleu délicieux
tournant au lilas. La recherche est neuve et vraiment charmante.

Un autre grand artiste, M. Watts, chez lequel la vieillesse n’a pas éteint le
désir passionné d’exprimer par l’intermédiaire de la peinture les conceptions
épiques et noblement humaines dont son imagination est encore remplie, est de
plus en plus mal servi par une main défaillante, par une technique qui n’a plus
rien de définissable. Malgré ces défauts, qui détruisent presque entièrement l’effet
qu’aurait pu produire sa Mort de Caïn, le visiteur artiste ne peut manquer d’être
frappé par la sublimité de l’idée première qui s’y révèle à travers l’épais voile jeté
par les hésitations de l’exécution. Le même reproche, quoique à un degré moindre,
doit être adressé à son allégorie l'Espérance (Grosvenor Gallery) qui mérite aussi
à un haut degré les mêmes louanges. M. Watts nous y fait entrevoir la mystérieuse
apparition d’une figure assise sur le globe terrestre et vue dans une vague clarté
nocturne. Aveuglée par le bandeau qui lui couvre les yeux, la déesse tient à la
main une lyre, dont toutes les cordes, à l’exception d’une seule, sont brisées; elle
se penche et s’efforce de saisir le faible son qui s’en échappe ; en haut, dans le ciel
transparent, brille une seule étoile, l’étoile de l’espérance. C’est une pensée exquise,
insuffisamment mise en évidence par une exécution défaillante. On ne voudrait
pas être forcé d’adresser au maître l’épigramme que Boileau jeta, dit-on, au grand
Corneille, après son Attila; mais, puisqu’il déclare hautement qu'il s’est retiré de
la lutte, pourquoi ne pas se contenter des lauriers déjà acquis, et si pleinement
mérités ?

Le président de l’Académy, sir Frédérick’ Leighton est représenté dans la
section de la peinture par une grande décoration sur fond d’or, destinée à orner
le plafond d’un palais de New-York. Ce sont deux panneaux représentant la danse,
et une décoration centrale dans laquelle figurent Mnémosyme, Melpomène et Tlialie.
Cet ensemble important est composé et dessiné avec un grand talent : peut-être
pourrait-on regretter l’absence des grandes lignes d’ensemble et de cette vivacité
de tons que l’on aime à rencontrer dans les œuvres de décoration. Mais on ne peut
prétendre à juger définitivement de l’effet, qui deviendra peut-être autre quand le
plafond sera en place. L’artiste, renonçant à faire plafonner ses figures, a traité
le sujet en perspective horizontale, s’appuyant sur l’exemple de Raphaël à la
Farnésine et du Guide au palais Rospigliosi.

Que dire de nouveau de M. Alma-Tadema? Il retrouve encore ses succès des
années précédentes avec un Apodylerium (Royal Academy), petite toile qui nous
représente la salle où les baigneurs déposent leurs vêtements avant d’entrer au
bain : au point de vue de la virtuosité de l’exécution et de la recherche archéologique,
elle n’est pas moins remarquable que ses devancières. Mais l’effet est connu;
cette antiquité restituée avec les procédés du réalisme n’a plus ni le piquant ni
l’attrait de la nouveauté. M. Alma-Tadéma se distingue surtout cette année par
le portrait, de grandeur naturelle, d’une dame vêtue d’une riche et lourde robe
d’un satin verdâtre. Le modèle se tient debout contre les vieilles boiseries d’un
escalier du château faiblement éclairé; la tête est vivante et d’un naturel d’expression
qui dépasse ce que l’artiste a produit de meilleur dans ce genre; mais, craignant
sans doute d’alourdir par un modelé trop solide l’expression heureusement trouvée
 
Annotationen