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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 34.1886

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Nr. 4
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Geymüller, Heinrich von: Les derniers travaux sur Léonard de Vinci, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.19428#0310

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DERNIERS TRAVAUX SUR LÉONARD DE VINCI.

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on finit par se demander si l’on n’est pas en proie à quelque fièvre
d’exagération.

Cherchons, toutefois, à préciser en finissant la manière de procéder
de Léonard dans la création de ses œuvres d’art.

Léonard, différent de Michel-Ange qui exprimait avant tout les
aspirations de son âme, avec une puissance et une ardeur parfois
sublimes, mais avec une liberté fatale aux imitateurs; différent aussi
de Raphaël, le maître aux inspirations célestes, Léonard prend comme
point de départ de son art une source tout autre : La natura, figliuola
di Dio, comme il l’appelle, et — avec une foi inébranlable dans cette
origine divine, — il la scrute sans relâche, la poursuit sans trêve,
l’interroge sur tous ses secrets, questionne ses lois admirables, puis,
armé comme jamais autre ne le fut, de toutes les armes d’un natura-
lisme impeccable, ayant toutes les formes de la création en quelque
sorte à sa disposition, connaissant à quel sentiment, à quelle situation
chacune d’elles correspond, il crée chacun des personnages selon les
types qui correspondent le mieux à sa pensée. Sûr de la véracité
expérimentale de sa méthode, il s’avance calme et majestueux,
comme sans passion, appliquant les dons artistiques, les plus riches
et les plus variées qui aient jamais été concédés à un homme, à l’édifi-
cation de ses œuvres. Avant tout créateur et créateur dans tous les
domaines de l’activité humaine, Léonard de Vinci est l’illustration
la plus splendide et la plus vraie de cette parole immortelle des
Livres saints : « L’homme a été créé à l’image de Dieu », et Léonard,
qui comme peintre se disait petit-fils de la Nature et par suite parent
de Dieu, connaissait mieux que personne l’harmonie adorable qui
existe entre toutes les pensées et toutes les formes de la création.

On comprend dès lors que la conception dé l’art telle que la
formulait Léonard, reposant sur des éléments naturels à la portée
de tout homme, indépendante de la situation exceptionnelle des
Raphaël, des Michel-Ange, des Titien, des Beethoven et des Mozart,
crée une méthode vraie par excellence, et de là correspondant exac-
tement à la nature humaine. Fixant l’idéal comme but, mais prenant
la réalité comme base, cette méthode, croyons-nous, convient, mieux
que toute autre, à l’enseignement des arts.

Aussi comprenons-nous le besoin de Léonard de fonder son
Académie, son besoin, grâce à ses traités, de répandre la vérité autour
de lui et dans tous les temps de l'avenir. Et nous sommes convaincu
que son enseignement trouvera toujours de l’écho dans toutes les
âmes loyales. Il satisfait les plus réalistes des réalistes (pourvu qu’ils
 
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