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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 37.1888

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Nr. 5
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Molinier, Émile: Le trésor de Saint-Marc à Venise, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24191#0412
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378

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

guépards 1. Je ne sais trop pour ma part à quelle civilisation il faut
rattacher une telle oeuvre. Si cependant il m’était permis de risquer
un avis, je dirais que ce vase me rappelle la grande coupe du Trésor
de Pétrossa dont l’origine Sassanide ne paraît faire aucun doute ; car,
ainsi que l’a remarqué mon très regretté maître et ami Charles de
Linas, la technique de la panse de cette coupe ne diffère que fort peu
de la coupe de Chosroès que possède le Cabinet des médailles2. Or, on
sait que Longpérier a établi que le fond de cette coupe qui portait à
l'abbaye de Saint-Denis le nom de Plat cle Salomon, nous offre le
portrait du roi Chosroès Ier. Si l’on admet une origine analogue pour
le vase du Trésor de Saint-Marc, il n’y a aucune difficulté pour en
expliquer l’apport à Constantinople. En chemin, du reste, il a subi
quelques modifications. On en a fait un calice et sur ses bords les
Byzantins ont tracé une longue inscription liturgique qu’accompa-
gnent plusieurs figures assez maladroitement gravées au trait : le
Christ assis, deux anges, saint Basile et un autre saint, la Vierge
assise entre deux anges, saint Jean Chrysostôme et un autre saint
debout.

Je crois pouvoir me dispenser de faire une plus longue description
de cet objet que les orfèvres vénitiens du xive siècle ont jugé bon de
placer sur un pied en orfèvrerie orné de feuilles de vignes et d’oiseaux
exécutés au repoussé. Huit quadrilobes offrant les symboles des
évangélistes et des bustes des saints exécutés en émail translucide,
complètent cette restauration; l’objet ne comporfait peut-être pas un
pied d’une telle importance; cependant, tel qu’il est aujourd’hui, il
n’est point disgracieux et ses proportions n’ont point été gâtées.

Les autres vases orientaux du Trésor de Saint-Marc ont pour la
plupart une tout autre origine : ils sont l’œuvre de lapidaires arabes,
ainsi qu’en témoignent les inscriptions que portent quelques-uns
d’entre eux. Ils appartiennent à un art plus gracieux dont les formes
élégantes se sont très bien accommodées des belles montures que leur
ont adaptées les orfèvres italiens.

Le plus connu de tous ces vases est une belle aiguière en cristal
de roche, piriforme, dont l’anse surmontée d’un bouquetin est prise
dans la masse. La panse est décorée de deux lions accroupis, en
relief, affrontés et séparés par des feuillages. Autour du col se dé-

1. Durand, n° 50. — Tesoro, n° 62.

2. Voyez Ch. de Linas, Histoire du travail à l’Exposition de 1867, p. 187, 188;
les Origines de l’orfèvrerie cloisonnée, t. I, p. 233 et suiv.
 
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