Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 1.1889)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

couvert le monde de leurs colonies, et fondé au milieu des contrées désertes des
cités qui comptent déjà leurs habitants par centaines de mille.

Pour donner à son remarquable ouvrage toute la valeur dont il était susceptible,
M. G. Meissas a puisé la meilleure part de ses documents, soit dans les relations
originales des voyageurs, soit dans les collections du Tour du monde ou du Bulletin
de la Société de géographie.

M. Meissas commence par noire illustre compatriote François Levaillant (1753-
1824), l’explorateur de l’Afrique australe, pour Unir à M"1' Jane Dieulafoy et à
Savorgnan de Brazza, en passant par Mungo-Park, Parry, John Ross, Dumont
d'Urville, René Caillié, Victor Jacquemont, John Franklin, le père Hue, David
Livingston, Burton, Speke, Guillaume Lejean, Baker, Vambéry, Mage, Garnier,
Sclnveinfurlh, Cameron, Stanley, Nordenskiold et Crevaux. Je ne cite que les noms
principaux, et l’on voit que la France n’occupe pas un rang médiocre dans ce
livre d’or des grands voyageurs du siècle. L. G.

V. — A Suse. Journal des fouilles (1884-86), par Mme Jane Dieulafoy1.

L’histoire de la grande découverte archéologique, qui a amené au Louvre les
merveilles que l’on sait, ne pouvait être mieux racontée que par M- Dieulafoy
elle-même. Dans cette longue et âpre lutte contre les hommes, contre la nature,
contre les difficultés du terrain, elle a eu sa part de souffrances et d’active, d’intel-
ligente collaboration. En suivant M. Dieulaloy dans ces deux expéditions semées
de périls et de difficultés de toute sorte, elle a donné le plus rare exemple de
dévouement, d’abnégation et de foi. Douée, sous une frêle enveloppe féminine,
d’une énergie indomptable et d’un caractère presque viril, elle a apporté à son mari,
dans une entreprise où l’on devait rencontrer tant de causes de découragement, le
concours le plus précieux. C’est M"° Dieulafoy qui tenait au jour le jour le journal
de voyage et, en même temps, le journal des fouilles. M. Dieulafoy nous présen-
tera bientôt, nous l’espérons, dans un grand ouvrage dédié au monde savant, le
fruit scientifique de ses admirables trouvailles. Aujourd’hui, M”° Dieulafoy s’adresse
au grand public et lui donne un tableau fidèle et vivant des événements, des faits,
tels qu’ils se sont produits au jour le jour. Elle s’est réservé le côté anecdotique et
pittoresque. Elle y a mis toutes les qualités de son tempérament, l’entrain, la
bonne humeur, la finesse, le sentiment le plus fin des choses de l’art, la compré-
hension de l’histoire et un véritable talent d’écrivain. On ne peut souhaiter un
récit plus vif et plus agréable, et le livre mérite assurément tout le succès qui lui
est réservé.

Ajoutons que les illustrations sont toutes frappantes, caractéristiques et remar-
quablement exécutées. Voilà un superbe et attrayant volume, qui répond pleine-
ment à la curiosité du public.

Il nous reste à signaler, parmi les publications d’étrennes de la maison Hachette,
un nouveau livre album de Kate Greenaway,- YHornme à la flûte, et toute une
série de livres excellents dédiés à la jeunesse, par Mme de Witt, née Guizot,
MM. Girardin, Fr. Dillaye et Mmes j. Colomb, P. de Nanteuil et Z. Fleuriot.

L. G.

L Un vol. gr. in-4° illustré de 121 gravures sur bois. Prix, broché : 30 francs.