EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
AU TROGADÉRO
Elle est vraiment bien attrayante notre
Exposition rétrospective. Logée sur les
hauteurs du Trocadéro et dominant au loin
tout le Champ de Mars, elle est isolée, à
l’abri du tapage des vivants; la grande
marée humaine qui déborde aux environs
ne monte pas jusque-là. C’est un observa-
toire tranquille et serein, d’où le philo-
sophe peut à sa guise plonger dans le
présent ou dans le passé, embrasser les
horizons contemporains, ou remonter les
hauteurs superbes des grands siècles.
C’est encore, si vous le voulez, un in-
comparable cabinet d’amateur; car l’ama-
teur s’appelle la France et tout, ou presque
tout ce qu’il expose est son œuvre et porte
sa signature. Dans ce salon de bonne com-
pagnie, chacun parle la même langue et
s’entend à demi-mot. Le ton est discret,
mesuré; personne n’élève la voix; les gens
savent vivre, ils ont de l’esprit. Les jardi-
nières et les bonbonnières chuchotent des
choses mystérieuses à l’oreille des bronzes
graves ; les faïences chantent les jolies
chansons d’autrefois; les émaux font assaut de toilette; les châsses
et les ostensoirs sacrés descendent de l’autel pour voisiner avec les
AU TROGADÉRO
Elle est vraiment bien attrayante notre
Exposition rétrospective. Logée sur les
hauteurs du Trocadéro et dominant au loin
tout le Champ de Mars, elle est isolée, à
l’abri du tapage des vivants; la grande
marée humaine qui déborde aux environs
ne monte pas jusque-là. C’est un observa-
toire tranquille et serein, d’où le philo-
sophe peut à sa guise plonger dans le
présent ou dans le passé, embrasser les
horizons contemporains, ou remonter les
hauteurs superbes des grands siècles.
C’est encore, si vous le voulez, un in-
comparable cabinet d’amateur; car l’ama-
teur s’appelle la France et tout, ou presque
tout ce qu’il expose est son œuvre et porte
sa signature. Dans ce salon de bonne com-
pagnie, chacun parle la même langue et
s’entend à demi-mot. Le ton est discret,
mesuré; personne n’élève la voix; les gens
savent vivre, ils ont de l’esprit. Les jardi-
nières et les bonbonnières chuchotent des
choses mystérieuses à l’oreille des bronzes
graves ; les faïences chantent les jolies
chansons d’autrefois; les émaux font assaut de toilette; les châsses
et les ostensoirs sacrés descendent de l’autel pour voisiner avec les