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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Mantz, Paul: Watteau, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0018

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42

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

directeur de l’Académie de Rome. Il eut dans ce poste une attitude
très convenable, « faisant parfaitement les honneurs de la nation ».
Le talent, du reste, ne lui vint jamais, et ses deux petits tableaux du
Musée d’Angers sont une preuve de sa médiocrité persistante. Il est
étrange que Watteau se soit lié avec un peintre d’une aussi faible
valeur. Comme tant d'autres, il aura subi le charme de ce pseudo-
gentilhomme. Le fait certain, c’est que vers la fin de 1718 ou au
début de 1719, les deux artistes résolurent d’habiter ensemble et
allèrent se loger, bien loin du Paris central, « dans la maison du
neveu de M. Le Brun, sur les fossés de la Doctrine chrétienne »,
c’est-à-dire au faubourg Saint-Victor. Le quartier, plein de couvents
et de jardins, était suffisamment retiré, et Watteau crut avoir trouvé
le calme qu’il avait toujours poursuivi.

Ce n’est pas seulement Mariette qui nous parle de l’installation de
Watteau aux environs de la Doctrine chrétienne. Le renseignement
est confirmé par Nicolas Vleughels lui-même. Le 20 septembre 1719,
le peintre empêché qui faisait des tableaux avec des estampes, écrit
à Rosalba, alors à Venise : « Un excellent homme, M. Watteau, duquel
vous avez sans doute entendu parler, désire ardemment vous con-
naître. Il voudrait avoir le plus petit ouvrage de votre main, et en
échange il vous enverrait quelque chose de lui, car il lui serait
impossible de vous en remettre la valeur... Il est mon ami; nous
demeurons ensemble et me prie de vous présenter ses plus humbles
respects. »

Il est donc probable que c’est pendant qu’il cohabitait avec Vleu-
ghels que Watteau a travaillé pour le Régent. On s’étonnerait que le
prince ami des arts, le collaborateur d’Antoine Coypel, n’eût jamais
rien demandé au peintre de Y Embarquement pour Cythère. Il est vrai
que le Régent ne se hâta pas d’employer le pinceau du maître enchan-
teur; mais enfin il se décida, et nous en avons la preuve dans une
quittance dont nous reproduisons le texte :

« J’ay reçu de Monseigneur le duc d’Orléans 260 livres pour un petit tableau
qui représente un jardinavec huit figures.

« Fayt à Paris, le 44 aoûst l’an 1719.

« Antoine Vateau1. »

Ce tableau, le Régent ne le conserva pas. Il l’avait sans doute
demandé à Watteau pour en faire cadeau à l’une de ses maîtresses. Ce

4. Archives de l'Art français, t. IV, p. 412.
 
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