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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Mantz, Paul: Watteau, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0025

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18

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Louis-quatorzien contre lequel Watteau avait dû s’insurger. Au
moment de son voyage à Londres, le peintre à la mode était sir James
Thornhill que la reine Anne avait nommé « Historical painter to the
Crown » et que George Ier avait anobli en 1715. A ces titres, ce per-
sonnage considérable venait d’ajouter une qualité nouvelle, car c’est
en 1719 qu’il devint membre du Parlement. Si Watteau est allé à
Greenwich, il a pu voir Thornhill, entouré d’une légion de manoeuvres
et occupé à peindre l’immense plafond de l’hôpital, composition pré-
tentieuse où les allégories se meuvent péniblement dans un océan
de teintes brunes ou jaunissantes qui font du maître un imitateur de
l’école de Versailles et un contemporain alourdi de Jouvenet. Chez
Thornhill, Watteau ne pouvait retrouver qu’une répétition très
aggi’avée de l’idéal qu’il avait détesté et combattu chez les vieux
académiciens de Paris.

Caylus assure que, malgré la triste vie qu’il menait à Londres et
les ennuis que lui causait son isolement, Watteau, assez bien
accueilli, « ne laissa pas de faire ses affaires du côté de l’utile ».
Gersaint tient le même langage; il ajoute que ses oeuvres étaient
recherchées et bien payées. On n’a cependant pas de données cer-
taines sur les travaux que Watteau a pu exécuter en Angleterre.
Horace Walpole est très bref sur ce point. On doit croire toutefois
que c’est pendant son séjour à Londres que Watteau peignit pour le
Dr Mead les deux tableaux qui ont figuré à la vente du cabinet de
l’illustre médecin. L’artiste avait apporté son idéal avec lui et il
resta fidèle à son caprice habituel dans ces deux peintures, les Comé-
diens italiens et Y Amour paisible, qui, l’une et l’autre, ont été gravées
par Baron. Nous savons combien ces oeuvres furent payées à l’adju-
dication de 1754, mais depuis lors elles ont disparu.

Il existe à Buckingham-Palace quatre tableaux qui, d’après
Mollett, auraient été commandés à Watteau par Georges Ier, car on
croit à Londres que le D1' Mead avait recommandé l’artiste français
à son roi. Il est en effet de tradition que ces tableaux ont été peints
en Angleterre, mais aucun document ne confirme cette croyance.
Deux de ces peintures représentent des fêtes champêtres; la troi-
sième, empruntée à Molière, met en scène M. de Pourceaugnac pour-
suivi par ses femmes et ses enfants; le quatrième groupe Arlequin
et Pierrot dans une composition de dix figures L Nous ajouterons
qu’il n’est nullement certain que ces quatre tableaux aient été peints

d. John W. Mollett, Watteau, 1883, p. 77
 
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