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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Mantz, Paul: Watteau, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0026

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WATTEAU.

19

en Angleterre : on peut même douter que Georges 1er ait fait travailler
Watteau. Le roi croyait à Thornhill et aux faiseurs de grandes
machines emphatiques : il n’aurait pas compris Pourceaugnac et
Arlequin n’aurait rien dit à son cœur.

D’après Mariette et Edmond de Goncourt, Watteau aurait ren-
contré à Londres un certain.Mercier, peintre en miniature, et il
aurait fait le portrait de ce confrère entouré de sa famille. Mariette
déclare que cette peinture était une « légère esquisse ». Mercier l’a
gravée dans une planche assez rare que notre Cabinet des Estampes
ne possède pas, mais dont il existe un exemplaire au British Muséum.
Mercier, debout, a devant lui une de ses fillettes à califourchon
sur un bâton à tête de cheval : le groupe de famille comprend encore
un jeune garçon, et dans un coin, une petite fille jouant avec une
raquette. Au centre du tableau, Mme Mercier est debout, tenant à la
main la pipe de son mari. La gravure est signée P. M.

Edmond de Goncourt fait de ce Mercier, qu’il appelle Pierre, un
miniaturiste. Naturellement, j’ai cherché dans Horace Walpole ce
personnage un peu mystérieux. Je vois aux Anecdotes of painling qu’il
y avait à Londres au temps où Watteau y a vécu, un Philippe Mer-
cier, d’origine française, mais né à Berlin en 1689 et élève de
Pesne. Ce n’était point un miniaturiste, mais un peintre de por-
traits et de scènes de la vie familière qui travaillait dans un style
agréable où se mêlait un peu de Watteau, a little of Watteau, dit
Walpole. Cette caractéristique est assez curieuse et fait naître dans
l’esprit la pensée que plusieurs des Watteau que conserve l’Angle-
terre et qui sont parfois fort suspects pourraient être des Mercier.
Ce dernier avait beaucoup étudié Watteau : il a gravé d’après lui
plusieurs estampes, d’ailleurs assez faibles, qu’il signe P. M. Et ici
doit trouver place une intéressante découverte d’Edmond de Gon-
court. Il existe au Louvre, dans la galerie Lacaze, un tableau, propre,
méticuleux, timide, qu’on appelle YEscamoteur. Ce tableau, qui n’a
jamais ressemblé à un Watteau, lui est attribué, malgré les inquié-
tudes qu’il a toujours inspirées aux connaisseurs. Edmond de Gon-
court, qui s’est longtemps associé à nos angoisses, a fini par résoudre
le problème. Il propose de traiter cet Escamoteur comme un intrus
et de lui enlever son auréole. « Aujourd’hui, dit-il, que je sais que
l’aqua-fortiste de Watteau a peint à l’huile un certain nombre de
compositions qui passent quelquefois en Angleterre pour des Wat-
teau; aujourd’hui que j’ai pu tenir entre mes mains la gravure de
l’Escamoteur avec Mercier pinxit au bas de l’estampe, je crois qu’on
 
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