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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Mantz, Paul: Watteau, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0030

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VVATTEAU.

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à la sanguine », matinées admirables auxquelles nous devons cette
prodigieuse quantité de crayonnages, ces études vénérables et char-
mantes, où l’amoureux de la nature cherche un geste, une attitude,
un costume qu’il introduira plus tard dans un tableau ou qu’il n’aura
pas le temps d’utiliser. La lettre du 3 septembre montre encore que
Watteau a reçu du gibier et qu’en bon Flamand qu’il est, il s'est
empressé de le peindre. Il faudrait retrouver cette étude d’après
nature que Julienne est prié d’envoyer à M. de Losmesnil. L’auto-
graphe nous apprend aussi que Watteau est occupé à une vaste com-
position, un sujet de chasse, et qu’il a fait agrandir la toile pour y
ajouter des chevaux sous des arbres. Ce tableau nous est connu :
c’est le Rendez-vous de chasse (4 pieds de haut sur 6 de large) gravé par
Aubert. Il a appartenu au cardinal Fesch; nous l’avons vu reparaître
à la vente du duc de Morny en 1865: acheté par lord Hertford, il est
aujourd’hui chez sir Richard Wallace. Deux jeunes couples, amou-
reux et amoureuses, sont déjà arrivés au rendez-vous et sont assis
sur l’herbe dans une clairière: sur la gauche, où sont des chevaux
attachés sous des arbres, survient une chasseresse montée sur une
jument grise : un gentleman l’aide à descendre de cheval; de l’autre
côté et au fond, des chasseurs, des valets et des promeneurs. Un de
nos amis qui a revu récemment ce tableau assure que l’exécution en
est un peu lourde; nos souvenirs, déjà lointains, ne confirment pas
cette appréciation. Bien que la peinture ne soit pas dans un état par-
fait, le Rendez-vous de chasse nous a intéressé autrefois comme un
Watteau enjoué, plein d’air et de lumière : il a vraiment grande
allure. L’œuvre sera désormais datée; elle montre ce qu’était devenu
le talent du maître en 1720, au lendemain du voyage en Angleterre.

Indépendamment de Julienne, marié mais toujours passionné
pour la peinture, Watteau, revenant de Londres, retrouvait à Paris
le fidèle Gersaint et il allait demeurer chez lui. C’est même pour son
ami qu’il travailla tout d’abord. Le peintre, dit Gersaint, voulait
« se dégourdir les doigts ». Il peignit pour décorer la boutique du
marchand le fameux tableau que Pierre Aveline a gravé sous le
titre de F Enseigne et que Gersaint, qui sans doute manquait déplacé,
disposa comme un plafond dans son magasin où tous les.curieux le
venaient voir. Cette peinture ne resta pas longtemps dans la
boutique du pont Notre-Dame. Vendue au conseiller Gluck, elle
passa ensuite entre les mains de Julienne et elle lui appartenait
encore lorsque Aveline fit son estampe. Mais il. ne la conserva pas
et Y Enseigne ne figure point dans la vente de 1767. On ne sait pour-
 
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