Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

avec les pièces que nous montrent les collections publiques affectées
à cette branche de l’art —, et des porcelaines qui ne comptent point
de spécimens rarissimes. J’en dirai autant de la sculpture en marbre
et en plâtre.

Bien que l’antiquité classique ne rentre pas dans mes attributions,
je me permettrai de signaler une patère et une amphore en bronze
trouvées à Locarno, dans le Tessin. La patère notamment, ornée d’in-
crustations d’argent représentant des ornements et des oiseaux,
munie d’anses décorées de têtes de faunes, est d’un beau style et d’une
excellente exécution. A signaler aussi parmi les antiques une de ces
jolies boucles d’oreilles en Or émaillé en forme de cygne, comme on
en peut voir au Louvre. Je tairai, et pour cause, les vases grecs et les
verres antiques, de crainte de m’entendre appliquer le proverbe :
Ne sutor ultra crepidam.

Le cassone est de tous les meubles italiens le plus connu ; en
pâte, en bois sculpté et doré, en bois peint et souvent peint par des
artistes de premier ordre, ce meuble, dans lequel l’épouse apportait
souvent la meilleure partie de sa dot, se retrouve dans toutes les
collections, quand un amour mal entendu de lapeinture n’a pas fait
transformer ses panneaux en tableaux de chevalet. La collection
Poldi nous montre deux très bons échantillons de cassoni. L’un est
une sorte de sarcophage en noyer sculpté, porté sur des pieds en
forme de griffes de lion qui se relient au meuble par ces grandes
feuilles d’un faire gras et souple que les praticiens du xve et du
xvie siècle savaient si bien découper. Des amours et des trophées
distribués dans trois compartiments décorent le devant de ce meuble
peint et doré, sorti dans la première moitié du xvie siècle de quelque
atelier du nord de l’Italie. Comme beaucoup de ses congénères, ce
coffre porte sur sa partie supérieure une devise. Celui-ci en offre une,
très consolante, que le huchier avait sans doute choisie à l’usage des
mal mariés auxquels un peu d’espérance est nécessaire ici-bas pour
rendre plus supportables les tracas du ménage : Secl in Domino spe-
randum est. L’autre cassone, d’un style plus ancien, — il remonte au
milieu du xve siècle et appartient peut-être à l’art vénitien —, nous
offre sur sa façade, toute dorée et séparée en compartiments par des
balustres, trois médaillons circulaires : l’un contient des armoiries;
le second la représentation de la Vestale Tuccia accomplissant la
délicate mission de porter de l’eau dans un crible; le troisième con-
tient un sujet que ne suffit pas à expliquer une inscription peu
aimable pour le sexe fort et qui ne nous laisserait aucun doute, — si