Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’un bas-relief de nacre découpé à jour, s’enlevant sur un fond
d’émail bleu : il représente le Christ descendu de la croix. Ce mélange
de nacre et d’émail est des plus heureux et je me souviens l’avoir
rencontré sur un émail du même genre et de provenance italienne,
au moins aussi important que celui de la collection Poldi. Cette
association, qui est à remarquer, était donc une véritable formule,
un véritable lieu commun de l’art décoratif chez les orfèvres qui
faisaient des émaux peints en Italie à la fin du xve siècle. Peut-
être y a-t-il là une indication qui pourra servir plus tard quand on
groupera un plus grand nombre de monuments de ce genre et de
cette époque.

Puisque je suis sur le chapitre des émaux peints et que l’on ne
saurait trop réunir de documents autour de'ce chapitre très obscur
de l’art italien, je signalerai dans le recueil des dessins de Gravem-
broch, au Musée Correr, à Venise (tome I, folio xv, n° 47), un
charmant baiser de paix offrant au centre la Vierge assise sur un
trône et portant sur ses genoux l’Enfant Jésus. La monture d’argent
doré est décorée de rosaces ou de marguerites bleues et blanches et
de médaillons représentant également en émail peint les symboles
des Évangélistes ; un couronnement d’architecture franchement
vénitien termine ce petit monument qui, au xvme siècle, se trouvait
chez les religieuses du couvent de Sainte-Anne, à Venise. Avis à ceux
qui aiment à retrouver la généalogie des objets d’art..

Est-il bien utile de rappeler des vases de cuivre émaillé de bleu
et de blanc, rehaussés d’or, tels qu’on en a fait en Italie et probable-
ment à Venise, à la fin du xve et au commencement du xvie siècle?
Ce sont là des objets que l’on trouve un peu partout et qui n’ont
qu’une importance relative. On me permettra de terminer cette
rapide revue de la collection Poldi-Pezzoli en disant quelques mots
d’un objet français encadré dans une monture italienne. Il s’agit
d’un baiser de paix, d’un petit bas-relief sur coquille représentant la
Vierge accompagnée de plusieurs saints. Le style des figures est
absolument italien, mais le travail est tout à fait français, ainsi que
l’indique la légende gravée sur la pièce elle-même : J’ai sperance en
atandcint ta miséricorde. Quant à la monture fort luxueuse, en ébène,
décorée d’appliques d’or émaillé et de colonnes d’agate, elle indique
assez le cas que l’on faisait du bas-relief. Or ces camées sur coquille
de style italien et de facture française ne sont pas très rares, et l’on
peut se demander où on les fabriquait; il en existe quelques-uns,
fort jolis, au Cabinet des médailles, à la Bibliothèque nationale; et