Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sition, dans l’avenue principale du Cimetière du Père-Lachaise, déjà
si riche en illustrations modernes, un terrain de 4 mètres sur lra,40,
qu’elle créa pour nous, au moyen d’une rectification de parcelle
vague située non loin du monument élevé aux généraux Lecomte
et Clément Thomas, et juste en face de la sépulture du peintre
Couture, qui, sur le côté droit, forme le point terminal de la grande
avenue, que le monument de Paul Baudry limite maintenant de
l’autre côté.

« La forme de cette bande, toute en façade sur l’avenue, m’impo-
sait en quelque sorte la donnée architecturale à laquelle je me suis
arrêté : une sorte de mur droit, ou plutôt une de ces hautes stèles
que les Égyptiens transmirent au monde antique comme un thème
à variations sans nombre, stèle accostée sur ses bas-flancs d’une
sorte de mur d’exèdre destiné à isoler le monument des sépultures
voisines. Au pied de la stèle et pour ainsi dire sous son abri, le
tombeau en forme de sarcophage antique, sur lequel, enveloppé de
longs voiles, profonds et lourds comme un suaire, médite et pleure
en silence l’humaine Douleur, les yeux fixés sur une palette et des
pinceaux jetés avec une palme, sous ces lignes écrites de sa main,
résumé de ses pensées, formule du dernier souhait de sa piété :

Il eut l’àme vaillante et le cœur délicat.

La paix soit avec lui !

« C’est le domaine des regrets attristés, des afflictions sans conso-
lations; deux inscriptions gravées sur les bas-flancs viennent en
condenser le souvenir sous une concise forme latine. À droite, tout
à fait en lumière, pour tous :

CIVES. ET. AMI CI
HONORIS. C A V S A
POSVERVNT.

A gauche, à demi masquée par la figure voilée, pour quelques-uns
seulement, la trace de mes soins et de mes âpres chagrins :

FRATRI. OPTIMO
FRATER. PIVS. ET
INFELICISSIMVS.

« Si cette partie en quelque sorte terrestre appartient aux affec-
tions, aux douleurs humaines, la région haute de la stèle devait