Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

L’ART INDUSTRIEL DANS L’INDE.

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goûts littéraires, aux recherches des civilisations musulmanes de
l’Asie antérieure, accuse dans ses mémoires les Indous de ne con-
naître pas les Arts. Mettons que l’actif con-
quérant n’y ait pas regardé d’assez près. De
quelque exagération que puisse être soup-
çonnée sa prévention pour des vaincus, son
jugement est ordinairement sincère; son
témoignage doit contenir une bonne part de
vérité.

Il est sûr que les ouvrages que nous con-
naissons, les industries qu’il nous est donné
d’observer dans l’Inde, dérivent visiblement
de l’influence apportée de l’Occident mu-
sulman par les envahisseurs Afghans et
Mogols et maintenue sous leur gouverne-
ment.

Abandonné à ses inspirations propres et
à ses seules forces, le génie indou a su créer
une grande architecture religieuse. Elle
prête peut-être à plus d’une critique ; on
n’en peut méconnaître les ressources va-
riées, l’ingénieuse élégance, l’originalité
puissante. A Kàrli, la nef imposante s’a-
vance largement dans l’ombre mystérieuse
du rocher; à Madura, les pylônes bariolés de
l’immense pagode mènent par des portiques
grandioses aux enchantements de l’étang
sacré endormi dans la ceinture harmonieuse
de sa colonnade oû se penchent les bouquets
de cocotiers; à Vijayanagar, les énormes
corniches dravidiennes profilent leurs mas-
ses lourdes sur une forêt de piliers mono-
lithes évidés et ouvragés avec une grâce
infinie ; au Mont Abou, les riantes coupoles
des temples jaïnas laissent filtrer sur le
peuple des statuettes qui s’accrochent aux
voûtes, sur le fouillis des feuillages qui
s’enroulent aux moulures, avec les jeux
d’une lumière savamment ménagée, les tons fauves du marbre vieilli.
Il a fallu la forte impulsion du sentiment religieux pour suggérer
— 3e PERIODE. 7

iDOÜE A M A N C H
INCRUSTÉ D’OR

(D’après une gravure de 1’ « Uhvar
and ils Art Treasures ».)

III.