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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Senart, Emile: L' art industriel dans l'Inde
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0060

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50

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

aux Indous ces créations admirables ou extraordinaires. Pour leur
esprit mystique l’inspiration religieuse reste la source capitale de
toute activité, de toute énergie. C’est elle qui a fait ces merveilles,
c’est elle encore qui chaque jour met en mouvement d’un bout à l’autre
de l’Inde des êtres souvent affaiblis et chétifs qui s’en vont, au risque
de la vie, se purifier dans le Gange et chercher un peu de son eau
sacrée.

Dans les œuvres de cette architecture, plusieurs traits promettent
une adresse bien appropriée à de plus petits ouvrages. C’est dans le
détail que triomphe l’habileté des constructeurs, dans les enroule-
ments délicats, dans les figurines gracieuses. A vrai dire, ce qui
manque le plus à l’esprit indou dans ses créations de toute sorte,
c’est une certaine force pour coordonner logiquement et harmoniser
des ensembles ; la grandeur chez lui résulte moins d’une sorte de
croissance organique, que de l’accumulation infatigable des mêmes
éléments juxtaposés ou superposés à l’infini. Mais il faut reconnaître
qu’il excelle à préparer isolément les matériaux, pierre ou strophe,
où il est ensuite impuissant à faire circuler la vie.

L’Inde n’était point parvenue à un haut degré de civilisation et
de richesse sans cultiver ces arts inférieurs mais toujours présents
qui charment les yeux et embellissent la vie, qui honorent le luxe et
justifient la magnificence. Nous sommes par malheur à peu près
réduits, pour la période ancienne, aux témoignages des représenta-
tions figurées et aux descriptions de la littérature; les premiers
sont forcément peu explicites, les secondes sont fortement suspectes.
Un officier anglais, témoin il y a quelques années d’une solennité
religieuse dans l’Inde, avait été frappé de la pauvreté de l’ornemen-
tation et de l’aspect assez piteux du temple improvisé; le lendemain
il découvrit avec stupéfaction dans les journaux natifs le compte
rendu de la fête où s’épuisait, pour rendre hommage aux splendeurs
déployées, tout le lyrisme de peintures dithyrambiques. C’est un
trait de caractère contre lequel il est sage de se tenir toujours
en garde dans l’Inde à toutes les époques. Ce n’est au demeurant
qu’un cas particulier de l’un des travers les plus marqués de l'esprit
indou : la réalité et l’imagination y sont-des quantités incommensu-
rables; l’équilibre constamment rompu entre elles imprime trop sou-
vent à ses œuvres, à ses expressions diverses, je ne sais quel carac-
tère incohérent et illogique.

La magnificence orientale oscille communément entre l’accumu-
lation de richesses très positives, entassements de perles et de
 
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