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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Senart, Emile: L' art industriel dans l'Inde
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0062

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52

GAZETTE DES BEAÜX-A11TS.

les riches les recherches de l’ameublement et le goût désintéressé
des choses d’art y tiennent peu de place. Aujourd’hui même, où tant
d’exemples étrangers auraient pu stimuler, et ont dans une certaine
mesure stimulé en effet, des penchants et des besoins nouveaux, les
industries d’art ne fleurissent guère dans l’Inde que là où le dilet-
tantisme, plus ou moins spontané, de quelque Râja crée un centre
souvent instable de production. J’ai pu voir dans telle petite capi-
tale perdue de l’Inde centrale se dresser, sous l’impulsion d’un chef
teinté de civilisation occidentale et sous une direction semi-euro-
péenne, de vastes ateliers destinés à fournir tour à tour au « châ-
teau », soit les bijoux des fiancées du roi, soit la sellerie ou les
armes, soit des lampes électriques pour les grands jours. Beaux
apprêts plus fastueux que solides! Un changement de personnes, et
ils auront vécu.

Les conditions extérieures sont donc médiocrement favorables.
Mais quels dons natifs apportait ici l’Indou? Sa dextérité est incon-
testable. Personne qui ait traversé l’Inde sans être émerveillé de ce
que quelques outils rudimentaires, une installation incommode,
donnent sous sa main habile de travail subtil et d’objets délicats.
Rarement l’Indou a approché du beau dans la reproduction de la
figure humaine. La notion juste du mouvement libre et du caractère
individuel semble échapper à ses prises dans l’ordre des formes
comme dans l’ordre des idées. Pour le persévérant effort qu’exigerait
ici un progrès durable, il manque de ce besoin d’activité, de ce goût
vif des choses extérieures dont l’absence stérilisera sans doute pour
longtemps encore les enseignements de la civilisation occidentale.
Penché sur sa rêverie intérieure, il n’est pas insensible aux specta-
cles du dehors, à un tableau gracieux, à un détail frappant; il est
sans ressort pour l’activité militante et suivie. A la facilité de sa
vie, à la splendeur de sa lumière, l’Indou emprunte du moins un
sentiment juste de la couleur et de la grâce qui se reflète à la fois
dans sa personne et dans les menus objets dont il s’entoure. Ce qu’il
faudrait pour féconder ces germes, c’est l’effort ordonné, fondé sur
une solidarité nationale. Rien de pareil; le sentiment même de la
nationalité n’existe pas; la pratique des arts est divisée à l’infini
entre des castes locales, religieuses, professionnelles, qui vont se
morcelant; elles ne sont mises en relation ni tenues en éveil par
aucun courant vivifiant et large; leur existence même est souvent
à la merci de protections ou de dédains passagei’s; la transmission
toute mécanique du métier leur peut bien assurer la possession de
 
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