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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Duhousset, Émile: Proportions artistiques et anthropométrie scientifique
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60

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Quelques natures d’élite ont le privilège d’avoir l’instinct du
beau, tout en se rapprochant très près de la vérité, mais, l’aptitude
à saisir le côté intéressant d’un sujet et à le voir juste, en imagina-
tion, a besoin d’une certaine habitude pour faire valoir l’œuvre que
l’esprit a engendrée et la rendre pratiquement vraisemblable aux
yeux de tous ; celle-ci procède des connaissances préalablement
acquises, mûrie par un usage réfléchi des conseils des maîtres qui,
pour enseigner avec fruit, doivent posséder le goût, la correction,
un coup d’œil de choix et la science des vérités comparatives du
dessin.

Le grand Pascal a judicieusement, et très simplement dit, dans le
tome Ier de ses^pensées diverses : « Ceux qui jugent d’un ouvrage par
les règles sont, à l’égard des autres, comme ceux qui ont une montre,
par rapport à ceux qui en sont privés, quand il s’agit de savoir
l’heure qu’il est. »

L’habitude de voir de belles choses ne suffit souvent pas pour les
juger; celui-là seul a le goût éclairé qui a étudié les principes de
l’art, c’est-à-dire les connaissances composant sa partie théorique,
pour en assurer la pratique vraie et raisonnée dans l’exécution maté-
rielle d’un sujet.

Il est facile de prouver avec quel soin les Grecs et les Romains
possédaient et conservaient, dans leurs œuvres, la profonde étude
des proportions et des détails anatomiques; combien ils accoutumaient
leurs yeux à évaluer les justes rapports des parties entre elles; et,
avec quelles Anes appréciations ils en limitaient les contours natu-
rels; on sent qu’ils ne se permettaient jamais, devant le modèle
vivant, un croquis indécis et indépendant, ne pouvant laisser qu’une
mémoire trop superficielle et erronée du sujet étudié.

Une fois instruits, ils se laissaient guider mais non contraindre;
l’artiste atteignait alors le but, franchement et avec esprit, après
avoir évité les écueils dont son jugement et son exactitude du dessin
l’avaient préservé.

L’étude des antiques constitue la base du premier enseignement
qu’on inculque à l’élève et, jusqu’à présent, ces chefs-d’œuvres sont
restés, à juste titre, des exemples sans rivaux joignant la noblesse
des formes à la grâce du maintien, servant à idéaliser le renseigne-
ment pris sur le modèle vivant, sinon incomplet souvent très défec-
tueux; il a donc été nécessaire de s’inquiéter, tout d’abord, de bien
connaître les proportions du corps humain afin d’indiquer une
mesure générale à laquelle il sera utile d’avoir recours, comme
 
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