Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mais celle qui, appuyée sur l’étude comparative, répond le plus
exactement à la recherche de l’individualité typique.

De nos jours, la photographie avec son instantanéité est d’une
grande ressource, non seulement pour obtenir l’exactitude de la
forme qu’on peut dire réelle, mais elle permet aussi de caractériser
les moindres détails d’un mouvement rapide; on fixe d’une façon
indélébile chaque période d'un geste, si prompte que soit la vitesse
d’action qui le traduit.

Nous constatons que les maîtres de l’antiquité eurent, avec le
sentiment exquis caractérisant leur génie, la précision du modèle
exactement reproduit en soulignant la finesse qui en élève les détails
au niveau de l’art parfait.

Tout le secret de leur talent était d’avoir acquis, par l’étude et
l’expérience, le droit de savoir bien lire cette nature, objet de leur
culte incessant à travers la diversité de ses formes.

Depuis des siècles, les sculpteurs et les peintres ont trouvé qu’il
était utile de rapporter les dimensions de l’ensemble du corps à celle
de la tète, qui en est la première division bien indiquée; c’est donc
avec cette comparaison qu’on évalue, généralement, la hauteur du
sujet; le dessinateur obtiendra la correction, dans la reproduction de
ce dernier, lorsqu’il sera satisfait de la justesse à laquelle il aura
habitué son œil en copiant le modèle exactement et sans parti pris,
c’est-à-dire avec impartialité; c’est suriout aux proportions que nous
voulons familiariser le lecteur dans notre étude du canon artistique;
il est bien entendu que pour ce qui va suivre nous supposons qu’on
connaît, au moins sommairement, la nomenclature et la situation
des os du squelette; car on ne peut procéder avec quelque chance de
réussite, qu’en se rendant compte de la place des têtes d’os qu’on
apprend aisément à distinguer, et de leur fonctionnement articulaire,
portant influence sur la direction du segment osseux et la tension
des muscles.

Les differentes longueurs des parties constitutives de l’homme
devant avoir un accord parfait, on a cherché des points de repère
destinés à guider l’élève, même en dehors de la symétrie, pour fixer
l’ensemble d’une figure, avant de passer aux intéressants détails qui
en animeront la pose.

Le dessinateur bien doué, ayant exercé son œil à l’étude constante
de la nature, a qualité pour réussir un sujet ayant l’accent artistique ;
mais, à côté des rares privilégiés, pouvant quelquefois suppléer aux
connaissances anatomiques et aux notions des proportions, généra-