Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Duhousset, Émile: Proportions artistiques et anthropométrie scientifique
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0076

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
66

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’étude des proportions en construisant une statue dont le nom de
Doryphore est resté célèbre. Diodore de Sicile, qui vivait du temps de
César et d’Auguste, parle d’un canon, ou étalon des mesures de
l’homme. L’architecte Vitruve, florissant au dernier siècle avant
Jésus-Christ, composa le tracé figuratif des divisions du corps en
prenant la tête comme unité; le premier exemplaire de ce travail,
découvert au mont Cassin, fut édité à Florence en 1496; c’est sur la
base de cet enseignement que d’importants écrits signés par trois
artistes d’un grand mérite, qui avaient noms Léonard de Vinci,
Albert Dürer et Jean Cousin, en popularisèrent les détails quatorze
siècles après la mort de l’auteur. La formule des canons des propor-
tions se répandit ainsi, à peu près à la même époque, en Italie, en
Allemagne et en France 1.

Je n’entreprendrai pas d’analyser les nombreux ouvrages qui,
tantôt pour la sculpture, tantôt pour la peinture, traitèrent cette
importante question de l’anatomie des beaux-arts, avec une science
et des aptitudes spéciales, rendant instructifs et curieux ces louables
et multiples travaux que les uns creusèrent anatomiquement jusqu’à
l’os, tandis que d’autres s’attachèrent seulement aux couches super-
ficielles de la myologie, influençant les limites de la peau, enveloppe
contournant la tête, le torse et les membres dont les formes exté-
rieures varient suivant les differents mouvements qui traduisent
la vie.

Si, au xve siècle, on s’est beaucoup occupé d’anatomie pour
améliorer la question artistique; à notre époque de vulgarisation
l'anthropométrie est un guide répondant au besoin de faire bien, et
l’instruction en rendra la pratique plus facile, même qu’au temps où
le secret d’en appliquer les préceptes était basé sur des chiffres se
rapportant, tout d’abord, à la longueur du médius, à celle de la tète,
au palme, à la coudée, au pied, à la main.

1. M. Louis Gonse nous signale un curieux livre d’esquisses japonais, publié à
la fin du siècle dernier par un artiste du nom de Keisaï Ivitao, où l’on trouve
l’idée d’un canon des proportions humaines mis au carreau.

Cette image, réduite ici par la photographie d’après l’original du livre japonais,
ne manque pas de nous surprendre par sa concordance avec les mesures de
l’homme aux bras étendus de Léonard de Vinci : en effet, sur le sujet que nous
reproduisons au milieu de son réseau de carrés, on trouvera la tôle occupant la
huitième partie de sa hauteur, la 7e sera au menton, la G1-' aux seins, la 5U à l’om-
bilic, la 4°, c’est-à-dire la moitié, au pubis; telles sont les principales indications
de Léonard, que nous retrouvons ici aux mômes places, ainsi que l’envergure
d’un médius à l’autre, égalant la hauteur.
 
Annotationen