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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Wyzewa, Teodor de: Le mouvement des arts en Allemagne, en Angleterre et en Italie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0097

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LE MOUVEMENT DES ARTS A L’ÉTRANGER.

87

l’an 1500; d’où vient donc que ni ce Saint Jérôme, ni les belles peintures conser-
vées à Lorette, n’ont pu nous faire considérer Lolto comme l’égal, non seulement
des Titien et des Véronèse, mais même des Bonifazio et des Paris Bordone?
M. Frizzoni s’efforce consciencieusement de réparer cette injustice. Il rappelle que
Lolto, par la grâce de son modelé, la pureté de ses expressions et la légèreté de
son clair-obscur, se rapproche singulièrement du Gorrège. Ce dernier serait-il
venu à Venise, et y aurait-il là un point de départ à de nouvelles découvertes, qui
pourraient ajouter un peu de lumière à son obscure biographie? En attendant
qu’il pousse plus avant cette hypothèse, M. Frizzoni restitue à Lolto un beau
portrait d’homme du Musée municipal de Milan et une Vierge du Musée de Dresde,
un chef-d’œuvre de sentiment et de dessin, attribué successivement par les cata-
logues à Vincenzo Tamagni et à un élève du Corrège.

Durer est infiniment plus riche que Lolto; mais à lui aussi, chaque année, l’on
restitue quelque ouvrage naguère attribué à d'autres. Ce printemps, c’était
M. Thode qui lui rendait un merveilleux petit tableau du Musée de Cologne, une
Vierge à l’œillet, œuvre de sa jeunesse, mais vraiment adorable de grâce expres-
sive. Maintenant, c’est M. Springer qui reconnaît en lui l’auteur d'une estampe
donnée par M. Duluit à notre Bibliothèque nationale : deux figures d’homme et
deux figures de femme, représentant de face et de dos un groupe d'Adam et Ère.
M. Max Lehrs avait assigné cette estampe au inonogrammisle P. M. ; d’autres y
voyaient une œuvre de l’école de Schœngauer. « Elle est de Dürer, affirme M. Sprin-
ger, et un Dürer débutant, car cette estampe est la première en date de celles que
l’on ait. » Les preuves? La tète d’Adam est la tète même de Dürer, exactement
pareille, comme traits et comme pose, à celle que nous donne l’admirable portrait
de 1493, le joyau de la collection Félix de Leipzig, que nous reproduisons en tète de
lettre. Quant à Ève, elle a le même mouvement de bras, dans l’estampe, que dans
une esquisse authentique de la Bodleiana. Et c’est en 1493 que Dürer a gravé ces
quatre éludes, alors qu’il venait d’étudier à Colmar l’œuvre de Schœngauer.

Parmi les successeurs immédiats de Dürer, Ilans Baldung Grün est assurément
celui qui offre avec lui le plus de rapports pour l’originalité et la magistrale sûreté
du dessin. Sa peinture me plaît peu, toujours trop sèche, trop peu soucieuse de la
pure beauté : mais plusieurs de scs dessins sont de véritables chefs-d'œuvre, et il
faut savoir gré à M. Marc Rosenberg d’avoir publié, en d’excellentes reproductions,
son Livre d'esquisses du Cabinet des Estampes de Carlsruhe. Ce livre, à dire vrai,
est plutôt une collection de feuilles réunies après coup, et contient même des
dessins d’une authenticité bien douteuse. On y trouve, en revanche, des portrails
admirables de réalisme cl d’expression ; ceux de deux empereurs, Maximilien Ier et
Charles V, mais surtout ceux de divers personnages de Strasbourg, le prédicateur
Gaspard Hedion, Maître Nicolas Knicb, etc. ; des éludes pour des tableaux reli-
gieux, notamment une très belle tête de Madone de 1523 ; des caricatures et des
études de physionomie, des vues de Strasbourg, des croquis d’animaux. Le dessin
que nous reproduisons suffirait, d'ailleurs, à faire comprendre la valeur artistique
de ce livre d’esquisses, que Woltmann a justement appelé « un joyau de l’ancien
art allemand ».

Le contemporain de Baldung Grün, Ilans Burgmair, ne saurait lui être com-
 
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