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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0120

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106

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

offre avec celle des successeurs des Van Eyck des analogies évidentes,
on y peut déjà cependant relever quelques-uns des traits particuliers
qui caractériseront l’École hollandaise : la sincérité avec laquelle
sont traités les portraits des donateurs, des membres de la famille
Martini, peints sur les volets extérieurs, et surtout les paysages ser-
vant de fond aux épisodes et dans lesquels les tons bleuâtres des
lointains s’opposent harmonieusement aux colorations brunes et
jaunâtres des rochers. Au premier plan, l’artiste a même reproduit
avec une scrupuleuse fidélité des pervenches, des chardons, des
chicorées et les ronces où s’embarrasse le bélier qu’Abraham va
immoler à la place de son fils.

Mais le Jugement dernier de Lucas de Leyde et les deux panneaux
du Paradis et de l'Enfer qui l’accompagnent, témoignaient aux yeux
du jeune écolier d’un amour de la nature encore plus vif en même
temps que d’une originalité plus saisissante dans le dessin, dans
l’éclat et l’harmonie de la couleur. En face de cet important ouvrage,
il pouvait se rappeler ce qu’on racontait de la vie du peintre, sa
précocité, ses succès, sa réputation bientôt répandue dans toute
l’Europe, son existence remplie par un travail incessant et abrégée
peut-être par ce train de grand seigneur qu’il menait vers la fin et
dont Albert Diirer, qui s’était lié avec lui pendant son voyage dans
les Pays-Bas, nous a conservé le souvenir. L’œuvre elle-même, du
reste, avait son histoire.

Peinte en 1533 pour l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, elle
avait été aussi sauvée du pillage au moment de la terrible destruc-
tion des images et transférée à l’Hôtel de Ville en 1577. Sa renom-
mée, suivant le témoignage de Van Mander, était telle que « de
puissants monarques avaient fait faire des démarches pour l’acqué-
rir, mais leurs offres avaient été poliment déclinées par le magistrat
qui ne voulait pas se séparer d’nne production aussi glorieuse de
son concitoyen ».

La considération dont ces deux artistes étaient entourés et la
célébrité qui s’attachait à leurs ouvrages étaient bien faites pour
stimuler Invocation de Rembrandt. En voyant apprécier à ce point le
talent de ses prédécesseurs, il se sentait encouragé dans ses goûts. Il
rêvait à son tour de faire honneur à sa ville natale et il pouvait
espérer qu'un jour aussi ses œuvres seraient offertes à l’admiration
de tous, à côté de celles de ses illustres devanciers. Mais, bien que sa
gloire ait de beaucoup surpassé la leur, c’est en vain qu'on cherche-
rait le nom de Rembrandt dans ce Musée de Leyde où brillent encore
 
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