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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0126

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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caractère, il continuait à traiter les mêmes sujets qu’Elsheimer,
tout en mêlant aux réminiscences de la nature et de l’art italiens
des types ou des traits familiers empruntés à son pays. Ses tableaux
aujourd’hui dispersés se trouvent surtout dans les collections publi-
ques ou privées de l’Allemagne, et après avoir joui d’une très grande
vogue, ils étaient jusqu’à ces derniers temps tombés dans.un complet
oubli. Les études sur Rembrandt, plus encore que leur mérite
propre, ont rappelé sur eux l’attention.

Au Musée de Brunswick, un Ulysse et Nausicaci, signé de son
monogramme, et daté de 1609, a été peint par conséquent deux ans
après son retour d’Italie. C’était là un épisode cher à l’artiste, car,
dix ans plus tard, il en fit un autre tableau 1 en remaniant assez
notablement la composition. Ulysse échappé au naufrage, nu, hum-
blement agenouillé, s’efforce par son attitude suppliante de rassurer
les compagnes de Nausicaa qui, affublées de turbans et de costumes
bizarres, s’enfuient à son approche et abandonnent précipitamment
le festin préparé pour elles sur le rivage. Seule, la fille d’Alcinoiis
s’avance vers le héros et lui témoigne sa compassion par une panto-
mime un peu trop expressive. La couleur est dure, criarde, et les
carnations d’un rouge brique tranchent brutalement sur un ciel plat
et immobile. Le David chantant dans le Temple, de la même collection,
signé Pietro La.stman et daté 1618, nous montre les mêmes duretés
et un manque d’harmonie aussi complet. Malgré la désinence de ce
nom de Pietro, l’œuvre semble moins italienne que flamande et les
enfants qui chantent au premier plan, comme les musiciens qui s’es-
criment à cœur joie sur leurs instruments, — un violon, une basse,
un trombone, une trompette et un tambourin, — rappellent vague-
ment, par leurs types et leurs costumes, des figures de Rubens.

A Saint-Pétersbourg, dans la collection de M. le conseiller
Séménoff, si intéressante pour l’étude des prédécesseurs ou des con-
temporains de Rembrandt, nous trouvons une Annonciation datée
également de 1618, où la Vierge prosternée vient d’interrompre l’ou-
vrage dont elle était occupée ; à côté de la corbeille qui le contient,
un chat joue par terre avec un grelot et, près de là, un ange, revêtu
d’une chasuble rouge, indique du doigt, dans le ciel, le Saint-Esprit
au milieu de nuages obscurs. Le geste de l’ange a de l’autorité ; mais
l’exécution est en général lourde et assez grossière. C’est encore la

•1. Au Musée d’Àugsbourg. Voir à ce sujet l’article de M. Paul Manlz et l’eau-
forle de M. A. Gilbert, dans la Gazette du 1er février 1878.
 
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