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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0128

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144 GAZETTE DES BEAUX-AItTS.

même date de 1618 que porte Y Ange apparaissant aux Rois mages de la
galerie du comte de Moltke à Copenhague, où l’on dirait que l’artiste
a voulu faire montre de sa virtuosité en entassant, sur la gauche,
une grande quantité de vases de prix, des formes et des matières les
plus variées, et, vers la droite, des animaux de toute sorte : un âne,
un cheval, des chèvres, des chameaux et des perroquets. La tonalité
générale est encore assez crue, mais dans son âpreté elle ne manque
pas d’une certaine puissance. L'Offrande à Junon, du Musée de
Stockholm (n° 500), bien qu’elle ne soit ni signée, ni datée, nous
paraît, à raison des analogies qu’elle offre avec les œuvres précé-
dentes, non seulement de la main de Lastman, mais à peu près de
cette même année 1618 qui marque la période la plus féconde de son
activité. La statue en marbre de la déesse, près de laquelle est
groupée la foule de ses fidèles, domine un autel entouré de portiques
et de colonnades et dans le lointain on entrevoit ce temple de Tivoli
que, comme son maître, Rembrandt introduira plus d’une fois dans
ses tableaux. Cette fois, l’aspect de l’ensemble est tout à fait déplaisant
et présente un assemblage de tons discordants : des rouges vermillon
avoisinant des nuances fades, des gris ternes, ou des bleus et des
jaunes d’une vivacité extrême, rapprochés les uns des autres sans
aucune préoccupation de l’harmonie ou de l’effet. Abraham avec les
.anges, de 1621, également chez M. le conseiller Séménoff, et le Sacri-
fice (l'Abraham, une grisaille du Ryks-Museum d’Amsterdam, nous
montrent des sujets que Rembrandt et ses élèves devaient bien sou-
vent traiter par la suite. Enfin une Résurrection de Lazare, datée de
1622, et récemment acquise par le Musée de la Haye, offense nos
regards par une violente crudité de ton, dans une scène qui, se pas-
sant à l’entrée d’une grotte, aurait nécessité l’emploi du clair-obscur.

Ce sont là des ouvrages de la pleine maturité de l’artiste, vers
l’époque où Lievens et, après lui, Rembrandt venaient chercher ses
leçons. Dans aucun d’eux cependant on ne remarque cette recherche
du clair-obscur dont on a voulu lui faire honneur en le considérant
comme un initiateur de Rembrandt à cet égard. On peut, il est vrai,
la constater dans un petit tableau du Musée de Harlem, la Nuit
de Noël, sur lequel Vosmaera cru lire la date de 1629, date qui, après
un examen minutieux, nous a paru illisible1. La disposition même
de la scène, l’attitude et le geste de saint Joseph et surtout le rôle

1. Plusieurs critiques hollandais, de nos amis, dont nous avions également
invoqué l’aide à ce propos, n'ont pas pu mieux que nous la déchiffrer.
 
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