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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0129

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LA JEUNESSE DE REMBRANDT.

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attribué à la lumière nous y révèlent des analogies frappantes avec
Rembrandt. Cette façon de comprendre l’intervention du clair-obscur
était, d’ailleurs, assez commune àcette époque. On en relèverait facile-
ment la trace chez d’autres artistes de ce temps. En France, Valentin,
et en Hollande, Honthorst, à l’exemple du Caravage, lui faisaient
une large place dans leurs tableaux. Mais, chez eux comme chez
Lastman, ces effets de lumière sont toujours rendus avec des opposi-
tions rudes et tranchées, sans la finesse des dégradations et la trans-
parence des ombres qui en feraient le charme.

Au moment où Rembrandt entra dans son atelier, Lastman était
en possession de toute sa renommée. Célébré à l’envi par tous ses
contemporains, il était qualifié de Phénix, d’Apelles de son siècle.
On le tenait de plus pour un des meilleurs connaisseurs en fait de
tableaux italiens, et comme ces tableaux commençaient à être très
en vogue à Amsterdam, il était assez souvent appelé en qualité
d’expert pour apprécier leur valeur dans des ventes ou des inven-
taires. Sa maison était fort recherchée, et son jeune élève eut sans
doute occasion d’y voir quelques-uns des personnages ou des artistes
notables d’Amsterdam. Un tel commerce ne pouvait évidemment que
lui être utile, ouvrir ses idées et développer ses facultés d’observa-
tion. Nous ignorons d’ailleurs comment Rembrandt s’était installé
à Amsterdam. En se séparant de leur fils, ses parents avaient dû
chercher pour lui un gîte où il fût convenablement soigné. Il n’était
pas rare alors, et l’usage s’en est conservé en Hollande, de procurer
aux jeunes gens, pendant le temps de leurs études, l’hospitalité dans
quelque maison bourgeoise où ils étaient traités comme faisant partie
de la famille. A Leyde même c’était la coutume pour les étudiants de
l’Université qui venaient du dehors, et dans un acte de recensement
daté de 1581 et déjà cité par Vosmaer, nous voyons que les grands-
parents de Rembrandt avaient recueilli chez eux comme pension-
naire un « M. Egma, natif de la Frise ». Il est donc possible que
Rembrandt ait été ainsi placé dans quelque maison amie, mais nous
croyons plutôt qu’il put être logé par son maître lui-même, ainsi
d’ailleurs que c’était le plus souvent l’habitude en pareille cir-
constance. Les bonnes relations qu’il conserva toujours avec
Lastman semblent confirmer cette hypothèse. Nous avons, du reste,
des indications qui nous permettent d'apprécier les conditions dans
lesquelles il aurait été admis au foyer de son maître. D’ordinaire, il
est vrai, ces conditions étaient débattues entre les intéressés et ne
faisaient que rarement l’objet d’actes notariés. Il existe cependant
 
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