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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Michel, Émile: La jeunesse de Rembrandt, 1: 1606 - 1631
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0130

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116

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

quelques arrangements de ce genre, entre autres celui que, vers la
même époque, un peintre d’Amsterdam, Isaac Isaks, contractait avec
le jeune Adriaen Caraman, âgé de dix-sept ans, qui voulait être son
élève. Celui-ci s’engageait à broyer les couleurs et à préparer les
toiles de son maître et les siennes, et à se comporter en tout comme
« un serviteur-élève » plein de zèle et de soumission. Il devait, en
revanche, recevoir chez Isaac la nourriture, la boisson et l’ensei-
gnement, et son père, de son côté, s’obligeait à lui fournir « une
tonne de harengs ou de la morue à discrétion, ainsi qu’un lit au
complet ». Ces conditions de semi-domesticité étaient, on le conçoit,
plus ou moins dures, suivant le caractère du maître; elles pouvaient
aussi être adoucies par le payement de certaines sommes qui assu-
raient aux élèves une vie un peu plus large.

De Leyde à Amsterdam la distance n’était pas très grande, mais
comme il était difficile à la mère de Rembrandt de quitter son
ménage et à son père d’abandonner son moulin, les visites qu’ils
pouvaient faire à leur fils devaient être assez espacées. Aussi la
bonne mère ne se privait sans doute pas d’envoyer à l’absent quel-
ques douceurs que le père accompagnait de ses recommandations de
sagesse et d’économie. Peut-être ces derniers conseils n’étaient-ils
pas inutiles, car jeune, ardent et généreux comme l’était le jeune
homme, il ne connaissait guère le prix de l’argent et il le montra
assez par la suite.

Le temps que Rembrandt passa dans l’atelier de Lastman devait
être bien court. Malgré la supériorité de ce dernier sur Swanen-
burch, il n’était, en réalité, exempt d’aucun des défauts des italiani-
sants. Comme eux il avait ce goût un peu subtil, qui répondait bien
aux préférences du public de cette époque et qui explique ses succès.
Son dessin était correct, mais sans rien de bien caractéristique, sa
couleur rude et peu harmonieuse, son exécution lourde et appuyée.
Aussi, en dépit de la diversité extrême des sujets qu’il a traités, il
n’est pas exempt de monotonie: loin de pénétrer le côté expressif de
ses sujets, il s’en tient à l’extérieur et croit que, sous prétexte de
couleur locale, il n’entassera jamais assez d’accessoires et de détails
pittoresques. Il n’arrive jamais, il ne semble même pas prétendre à
émouvoir. En somme, cet art assez médiocre n’était qu’un com-
promis entre l’art italien et l’art hollandais. Sans atteindre au style
du premier, il n’avait pas la sincérité du second et il continuait sans
grand succès ces tentatives de transaction auxquelles les devanciers
de Lastman s’étaient déjà épuisés. Un tempérament aussi entier que
 
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