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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0136

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122

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

un chef-d’œuvre. C’est une gravure en couleurs à conserver pour son
modelé délicat, et qui peut lutter, comme exécution, avec les plus
savantes pièces du siècle dernier. Il n’a pas fallu moins de dix-huit
coups de planche pour l’amener à bien. Le nom du chromo-litho-
graphe auteur de cette belle pièce est à conserver : il s’appelle
Memet.

Citons encore parmi les planches parues dans Y Illustration, en
tirage à part, la charmante estampe, Au Bal. Impossible de rêver,
pour deux francs, quelque chose de plus virginal et de plus frais
d’exécution.

Les lithographes travaillant avec habileté la couleur sont nom-
breux. L’un des plus artistes dans son originalité, est sans conteste
Chéret1. L’Angleterre en affinant son talent et en lui donnant l’idée
de la réclame illustrée, fut dans sa jeunesse, une excellente école
pour lui. Doué de beaucoup d’invention secondée par non moins de
goût, ce peintre a créé en France l’affiche illustrée, aux notes claires
et gaies, agrémentée de personnages très vivants, et qui force l’at-
tention du passant.

C’est en 1866 qu’il fonda son imprimerie, cédée depuis à la maison
Chaix, mais qu’il dirige toujours, et sa première pièce importante fut
l’affiche de la Biche au Bois, féerie de la Porte-Saint-Martin. Depuis,
Chéret a, par une incessante production, augmenté la collection
d’une foule d’affiches-réclames, programmes de cirques, de concerts
et de théâtres, de magasins de nouveautés, opérettes, couvertures de
livres, tableaux primesautiers et bien parisiens de la vie extérieure
d’une grande capitale. Tout le monde s’est arrêté devant ces figures
lancés d’un jet sûr, avec un entrain endiablé, et jusque dans leurs
déhanchements les plus imprévus, d’une fantaisie toujours élégante.

Chéret se sert d’habitude de trois pierres lithographiques.
L’épreuve est le l’ésultat des trois impressions superposées; l'une en
noir donne le dessin, l’autre, en z'ouge vif, vient l’égayer, la troisième,
en fond dégradé, donne l’illusion de l’emploi d’un grand nombre de
couleurs.

Il a des imitateurs, ainsi qu’on peut s’en convaincre en jetant les
yeux autour de soi, mais aucun n’atteint à sa verve, à sa désinvolture
bien parisienne, à son dessin si moderne, procédant par grandes
lignes faites pour arrêter le regard, avec la franchise des tons pour le I.

I. Voir deux reproductions en couleurs de planches de Chéret, Gazette des beaux-
arts, t. XXX, 2° période, p. 430 et 542.
 
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