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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Watteau, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0154

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WATTEAU.

139

Il se peut, comme l’a dit le biographe, que ce morceau manquât de
noblesse, mais il devait du moins montrer des qualités pittoresques
et une curieuse recherche dans l’éclairage. Il faudrait retrouver ce
tableau. Il faudrait voir aussi la Sainte Famille, gravée par Jeanne
Renard du Bos. Cette peinture n’est pas perdue, mais elle est bien
loin de nous, chez le tsar, au palais de Gatchina. Dans le motif qui
attendrissait Ghirlandajo et les convaincus du xv° siècle, Watteau
n’a vu qu’un prétexte à peinture, une occasion de virtuosité. La
scène a pour décor un paysage de rochers où verdoient quelques
plantes sauvages. Des anges, dont on ne voit que les têtes, des anges
cravatés d’ailes, comme dirait Gautier, voltigent dans le ciel ; ils
sont faits de chic et paraissent assez maladroits. Le Saint Joseph, au
crâne dénudé, à la barbe fleurie, est le type du modèle d’école et
Watteau l’avait sans doute rencontré à l’Académie ; la Yierge, très
jeune, est assez coquettement coiffée et servira plus tard à Boucher ;
mais l’enfant nu, qui joue avec un pigeon, doit être un intéressant
morceau de peinture, dans la vérité de ses formes un peu flamandes
et grassouillettes. Rien que dans la traduction de la gravure, on
reconnaît le modelé douillet de Watteau. Si, au lieu de vendre la
Sainte Famille, Julienne avait eu la bonne inspiration de la donner à
Louis XY, nous l’aurions sans doute encore.

Watteau a-t-il traité des sujets historiques? Certes, il était
touché des spectacles de son temps, et il a bien compris ce qu’il a
vu. Il a fourni de précieux documents aux annalistes, lorsque,
historien involontaire, il a peint et dessiné des soldats. Il était à
Valenciennes au lendemain de Malplaquet, et les fantassins qu’il
représente en marche ou au repos sont bien ceux des armées de
Louis XIV pendant les années tristes de son règne finissant. Mais
l’anecdote a sa place dans ces scènes militaires, et, bien qu’elles
soient infiniment précieuses, ce n’est pas là, au sens étroit du mot,
ce qu’on est accoutumé d’appeler la peinture historique. Watteau
ne semble avoir songé qu’une seule fois à l’histoire. Nous faisons
allusion au tableau qui était chez Julienne et qui ne nous est
plus connu que par une estampe de N. de Larmessin, Louis XIV
remettant le cordon bleu au duc de Bourgogne. Tout d’abord, en lisant ce
titre qui semble annoncer le récit d’une cérémonie officielle de la
cour de Versailles, on est tenté de croire que Watteau a pu travailler
pour le grand roi; mais c’est un mirage qui se dissipe bien vite.
En premier lieu, l’événement raconté n’est pas le moins du
monde du temps de Watteau. Nous sommes en présence d un fait
 
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