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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Watteau, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0155

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140

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rétrospectif et déjà oublié quand l’artiste vint à Paris. Le petit duc
de Bourgogne, objet de tant d’espérances, est né à Versailles, le
6 août 1682, plus de deux ans avant Watteau, qui n’a jamais bien
connu cette histoire. Après avoir été ondoyé dans la chambre de sa
mère, le jeune prince fut transporté dans son appartement, et aussi-
tôt Louis XIV, toujours attentif aux choses du décorum et de la
piaffe, lui envoya la croix du Saint-Esprit par le marquis de Seignelay,
trésorier de l’ordre. On voit bien dans l’estampe de Larmessin que
toute cette aventure avait été fort inexactement racontée à Watteau
et qu’il a suppléé par le caprice aux documents qui lui manquaient.
Trompé par les lointains de l’histoire, il a imaginé un Louis XIV
assez vieux, alors que le roi était encore fort gaillard en 1682.
Aucun des personnages n’est ressemblant. La vérité historique est
même remplacée par la fiction, puisque ce ne fut pas le roi en per-
sonne qui remit le cordon bleu au petit prince. Évidemment, il y a
eu dans la conception de ce tableau un grain de fantaisie. Watteau
avait été mieux informé lorsque, dans une autre composition éga-
lement rétrospective, il avait représenté le Départ des comédiens
italiens en 1697. Cette fois, du moins, il ne sortait pas de son monde;
il n’avait rien vu de la scène, puisqu’elle est antérieure à son arrivée
à Paris; mais il pouvait interroger les souvenirs de Gillot et il avait
à sa disposition les costumes de la Comédie.

Quoi qu’il en soit, il est étrange que Watteau ait eu à représenter
la Naissance du duc de Bourgogne. Nous avons cru un instant que ce
singulier tableau allait nous mettre sur le chemin d’une découverte.
Une note de Mariette nous disait que Watteau l’avait fait « pour
M. Dieu, qui avoit entrepris de peindre toutes les actions de la vie
du roy, pour estre exécutées en tapisserie, ce qui n’a point eu son
effet ». Watteau aurait-il été en relations avec les Gobelins? C’était
une question curieuse. Elle doit être résolue par la négative ; mais
il est certain qu’à une époque inconnue il a travaillé pour son
confrère Antoine Dieu. Ce Dieu n’a jamais été un personnage de
marque; il ne fut reçu à l’Académie qu’en 1722, après la mort de
Watteau, et ce dernier l’aura sans doute connu pendant sa période
d’apprentissage. Antoine Dieu, qui n’a pas eu souvent la main légère,
quoiqu’il ait peint avec Oudry les décors du ballet des Éléments, avait
imaginé, à une date que nous ne savons pas, décomposer des cartons
de tapisseries qui auraient fait suite à la fameuse série de Y Histoire
du roi de Charles Lebrun. Il reste à Versailles deux de ces projets
qui ne furent pas exécutés, la Naissance du duc de Bourgogne et son
 
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