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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Watteau, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0157

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142

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Mariage avec Marie-Adélaïde de Savoie. Et c’est ici que le texte de
Mariette est précieux. L’imagination paresseuse d’Antoine Dieu avait
besoin d’être aidée. Pour le premier de ces tableaux, il demanda une
maquette à Watteau. De là la peinture que Larmessin a gravée.
Dieu ne parait pas du reste avoir été pleinement satisfait du projet
de son jeune collaborateur, car, en agrandissant son esquisse, il y
fit beaucoup de changements, multipliant le nombre des personnages,
cherchant les ressemblances que Watteau avait négligées, et aussi
la fidélité des costumes qu’il remit à la mode de 1682. Toutes ces
peines furent perdues : les patrons d’Antoine Dieu n’ont jamais été
traduits en tapisseries, et notre ami M. Gerspach, qui a bien voulu
s’intéresser à nos recherches, déclare qu’il ne reste aux archives des
Gobelins aucun papier relatif aux relations de la maison avec
Antoine Dieu et moins encore avec Watteau qui n’avait d’ailleurs
travaillé qu’en sous-ordre et dans la coulisse.

Si Watteau n’a pas fait de tableaux d’histoire, — car la Naissance
du duc de Bourgogne est une exception qui ne compte pas, — il a fait
des choses pour le moins aussi difficiles, c’est-à-dire des portraits. 11
a déjà été parlé aux pages précédentes du plus fameux de ces por-
traits, le Gilles de la collection Lacaze. On sait que le nom du
personnage a été vainement cherché, et le résultat négatif de cette
enquête nous contriste : il est fâcheux en effet de ne pas savoir quel
était ce comédien ou cet ami déguisé, qui nous regarde en face sans
consentir à nous dire son secret. Le Gilles est une des peintures les
plus sérieuses de Watteau. Ce n’est pas la plus lyrique; le charme
entraînant du coup d’aile y est remplacé par la volonté de bien faire,
par le raisonnement assidu d’un maître qui n’est pas habitué à pein-
dre des figures de grandeur naturelle et qui s’applique. Watteau y
dissimule les virtuosités de sa touche et la vibration cinglante des
coups de fouet qui donnaient tant d’esprit à ses petits tableaux. Les
colorations sont néanmoins heureuses et même surprenantes, car le
ton des chairs, les blancs de l’habit feront toujours la joie des
raffinés. Mais pour le libre travail du pinceau, l’artiste ne retrouve
sa verve habituelle que dans les figures épisodiques, « dans le groupe
chantant d’histrions en voyage » qui gravissent le coteau pour venir
rejoindre leur camarade, et aussi dans le paysage abrégé et impro-
visé qui constitue le décor. On peut voir dans cette peinture,
justement célèbre, le dernier mot de Watteau quand il se surveille.

Le portrait de Julienne, de la collection de M. Groult, n’est pas
moins important. Les contemporains semblent ne pas l’avoir connu,
 
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