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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Geymüller, Heinrich von: Le passé, le présent et l'avenir de la cathédrale de Milan, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0174

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158

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

à l’Escurial. On se figurait que les architectes appartenant au pays
où étaient nés les styles usités à ces époques, apporteraient avec eux
des idées plus originales, plus justes, plus grandioses, idées dont on
espérait profiter de différentes manières pour la solution des entre-
prises projetées.

Si Louis XIV se dispensa de suivre les plans du Bernin, ce fut
parce que, après l’Italie et l'Espagne, le tour de là France était venu
de se placer à la tète du monde latin et que ses architectes, après
plus d’un siècle d’exercice, s’étaient pénétrés à un tel point dè l’ar-
chitecture issue de la Renaissance, qu’ils allaient en être, jusqu’à une
époque assez rapprochée de nous, pour la moitié occidentale de
l’Allemagne, les propagateurs et les représentants les plus attitrés.
De même que. par une évolution analogue, mais en sens contraire,
les maîtres allemands étaient jadis devenus, pour une partie notable
de l’Italie, à l’exception de Naples et de Gènes, les propagateurs de
l’art ogival éclos dans l’Ile-de-France.

Si les Florentins ne firent appel à aucun artiste étranger, c’est
que le rôle providentiel assigné à la Toscane était différent de celui
qui avait été départi à l’Ilë-de-France, différent aussi de celui
réservé plus tard aux Milanais. Les habitants de l’Ile-de-France
surent trouver l’expression architectonique de l’idéal religieux des
races gallo-germaines. Dans la Toscane, Pise, avec sa cathédrale
latine et les monuments qui en dérivent, leva la première l’étendard
de cette manifestation particulière de l’art que l’on appelle la
Renaissance, et que l’on ne doit pas confondre avec la Naissance de
l’art du Nord ni avec les différentes phases de son développement.
L’introduction du gothique en Toscane n’anéantit pas le mouvement
de cette contrée dans la voie de la Renaissance. Derrière le voile
sous lequel il semblait la recouvrir il lui apportait des éléments
nouveaux. Ce n’était un malheur, comme l’a dit Burckhardt1, que
pour les maladroits. En n’acceptant du gothique que les éléments
conformes à son génie, la Toscane en fit aussitôt un style de tran-
sition vers l'architecture deTalenti et de Brunellesco. Et si la cathé-
drale de Milan, au contraire, n’avait reçu un vêtement plus septen-
trional que sa rivale aînée de Florence, la Lombardie n’aurait eu
plus tard le privilège de produire la variante milanaise du « stile
bramantesco » qui a été la forme sous laquelle l’architecture de la
Renaissance italienne a fait sa première apparition dans la Franco

1. Voy. Ber Cicerone, 5e édition, p. 46 et 54.
 
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