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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Nolhac, Pierre de: Un nouveau portrait de Pétrarque
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0180

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164

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

tante, analogue à celle du frontispice de Virgile peint par le même
Martini? Yoilà des questions auxquelles il semble qu’on ne puisse
échapper. En tous cas, si le portrait n’a pas été détruit, c’est dans un
des nombreux manuscrits égarés de la bibliothèque de Pétrarque
qu’on aurait chance de trouver l’image de Laure. Il faut renoncer aux
fresques, aux bas-reliefs, aux tableaux, à tous les documents soi-disant
traditionnels où on l’a cherchée jusqu’ici.

La question des portraits de Pétrarque est aussi fort embarras-
sante. Les mêmes causes ont contribué à l’embrouiller de siècle en
siècle, et quand on veut essayer de la reprendre, on est découragé
par l’abondance inutile des matériaux. Cependant quelques observa-
tions préliminaires autorisent à la recherche. La raison morale, qui
a arrêté, à mon avis, la reproduction du portrait de Laure, n’existe
pas pour celui de Pétrarque. Ce grand homme, si fier de sa gloire, si
soucieux des moindres détails de sa personnalité, cet écrivain qui
nous a laissé la première autobiographie des temps modernes et qui
se livre à la postérité en tant d’œuvres différentes, n’a pu être indif-
férent au souvenir matériel qui devait rester de lui. A côté de l homme
moral, il a décrit en lui, et avec une grande précision, l’homme
physique, qu’il savait beau. Il a dû faciliter aux peintres de son
temps des travaux que la curiosité publique leur demandait. Vasari
dit que Pandolfo Malatesta envoya Martini à Avignon « per ritrasse
messer Francisco Petrarca »; le fait est inexact en ce qui concerne
Martini ’, mais le témoignage se rattache sans doute à quelque tra-
dition sérieuse, et puisque Malatesta a tenu à posséder le Canzoniere,
transcrit chez le poète lui-même et revu par lui, il n’y aurait rien
d’étonnant à ce qu’il eût voulu avoir en même temps son portrait. Il
était chez d’autres personnes et même chez de simples particuliers.
Pétrarque parle, dans une de ses lettres, d’un admirateur qu’il avait
à Bergame et qui avait mis à tous les coins de sa maison « les armes,
le nom et le portrait » de son poète; celui-ci devait bien à ce brave
homme une visite, qu’il fit en effet, en 1358 ou 1359, quinze ans avant
sa mort1 2. Depuis cette époque, la renommée immense de son nom,
qui ne cessa de grandir, dut multiplier ses portraits; il y a donc des
chances sérieuses d’en retrouver un ou plusieurs offrant quelques
garanties d’authenticité.

Il en est un grand nombre qui, à des titres divers, sollicitent l’at-

1. Vasari, édit. Milancsi, t. I, p. 560.

2. Pelrarcae epist. de rebas famii, éd. Fracassetli, t. III, p. 91.
 
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