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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Nolhac, Pierre de: Un nouveau portrait de Pétrarque
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0182

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166

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

traits ne se ressemblent jamais entre eux; c’est la contradiction, le
chaos. Les uns font de Pétrarque un amoureux imberbe et languis-
sant ou un élégant cavalier à moustaches; les autres, un bonhomme
de comédie, laid, grognon et prêtant à rire. Puisque, aussi bien, nous
sommes en pleine fantaisie, ne regardons qu’un seul portrait, celui
qu’a placé Raphaël dans un coin de son Parnasse ; cette jeune figure,
pleine de noblesse, est du moins digne du poète et l’àme charmante
du peintre y a mis son rêve.

Il serait fastidieux de reprendre ici des énumérations faites bien
des fois et de rouvrir des discussions stériles. Il y a, d’ailleurs, çà et
là, dans des miniatures de bibliothèque publique et dans des collec-
tions particulières, des documents qui n’ont pas été étudiés et qui
proviennent peut-être d’une tradition plus fidèle que bien des pièces
indûment célébrées. Dans l’état actuel de la question, un portrait à
peine parait avoir survécu à la critique, et encore ne la satisfait-il
pas entièrement. Marsànd l’a fait graver pour l’édition des Rime
donnée à Padoue, en 1819-1820, et il a été reproduit en photographie
dans le recueil intitulé Padova a Francesco Petrarcci, à l’occasion du
centenaire solennel de notre poète, célébré en 1874. C’est une fresque
où Pétrarque est représenté de profil et à mi-corps, les mains jointes,
dans l’attitude de la prière, la cape relevée permettant de voir le
front. L’œuvre a une histoire certaine, depuis l’année 1581, époque
vers laquelle on démolit la maison où elle se trouvait, près du Dôme
de Padoue, et qui passait pour celle de Pétrarque *. En 1816, l’évêque
Dondi dell’ Orologio, descendant d’un ami de Pétrarque, la fit placer
dans le mur de la grande salle de l’évêché de Padoue, où elle est
encore et où bien peu de visiteurs songent à l’aller chercher.

La peinture est ancienne. Marsand pensait à l’attribuer à Gua-
riento ou au moins à son école; le désir de fixer une date contempo-
raine du poète entrait pour beaucoup dans cette hypothèse2. Toutefois,

1. Un poète vicentin, Agnolo Beolco dit Ruzante, adressa au cardinal Pisani,
alors évêque, une épitre en dialecte padouan, imprimée il Vicence, en 1581, pour le
supplier d’épargner la maison du poète. On ne put sauver que la fresque : un pro-
fesseur de l’Université, Giambatt. Selvatica le fit détacher de la muraille et porter
chez lui; c’est un de ses descendants, le marquis Pietro Selvatico, oncle de l’écri-
vain de ce nom, qui l’offrit à l’évèque Dondi. Le morceau encastré dans la Sala
(lei vescovi a 0,n,69 de largeur sur 0œ,70 de hauteur.

2. Tel est aussi l’avis de M. P. Selvatico sur ce portrait, « bcnche sia certamenle
opéra del secolo xiv », et qu’à ses yeux, « per essere stato condolto da pittore
contemporaneo è probabile sia quello che mcglio rivoli le sembianze del vate. »
(Guida da Padova, 18G9, p. 130 et 134.)
 
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