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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Nolhac, Pierre de: Un nouveau portrait de Pétrarque
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0183

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UN NOUVEAU PORTRAIT DE PÉTRARQUE.

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au jugement autorisé de M. Molmenti, elle n’est pas sans analogie
d’exécution avec certaines œuvres du peintre dePadoue. Je l’ai exami-
née moi-même récemment et la crois volontiers du xiv° siècle. Elle
est en très mauvais état de conservation et a subi quelques retouches ;
la tête seule, vraiment d’une belle expression, est à peu près intacte.

Rien, je crois, ne permet d’affirmer que le portrait ait été fait
d’après nature ; la représentation du poète en prière, les yeux levés
vers le ciel, éveille plutôt l’idée d’une œuvre exécutée après sa
mort. On peut appuyer cette opinion par une autre observation : il a
été démontré récemment que la maison démolie au xvie siècle, près
du Dôme, n’était pas celle que Pétrarque avait à Padoue, mais seule-
ment celle des chanoines, où il avait pu habiter en passant, avant d’en
posséder une dans la ville1 ; on est conduit à supposer que les cha-
noines ont voulu perpétuer au logis commun, après la mort de
Pétrarque, survenue en 1374, le souvenir de la piété de leur illustre
collègue et de son séjour parmi eux. Cette explication rendrait
compte du caractère du portrait et de sa présence dans la maison en
question. Mais, si l’artiste n’a pas eu son modèle vivant sous les
yeux, il est probable qu’il a travaillé d’après des renseignements
d’une certaine valeur et qui devaient être à Padoue plus sûrs qu’en
aucun autre lieu d’Italie, puisque le poète avait passé dans la ville et
dans les environs les dernières années de sa vie.

J’ai à faire connaître un nouveau portrait de Pétrarque, d’une
moindre importance artistique, mais qui est demeuré jusqu’à présent
inconnu et qui présente, sur celui de Padoue, l’avantage d’une date
précise et d’une ressemblance presque assurée.

C’est une petite peinture très simple, un profil à peine à mi-corps,
faite au bistre, avec quelques touches de cinabre, et occupant la
deuxième page d’un beau manuscrit sur parchemin, du xivc siècle,
de la Bibliothèque Nationale de Paris. Le manuscrit contient le
De Vins illustribus, un des principaux ouvrages de Pétrarque, qui fut
terminé, après sa mort, par un de ses élèves de Padoue, Lombardo
délia Seta; le volume renferme également ce supplément; il porte la
cote GOGO F du Fonds Latin 2, et il est entré dans la collection de

1. Gloria, Docum. ined. inlonio al Petrarca, Padoue, 1878, p. 17.

2. Décrit par M. Delislc dans le Cabinet des manuscrits, t. II, p. 348.
 
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