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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 2
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Nolhac, Pierre de: Un nouveau portrait de Pétrarque
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0186

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170

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Si l’une des deux scènes a été exécutée d’après l’autre, il semble que
la nôtre soit la plus ancienne; elle offre un groupement plus abon-
dant, une invention plus riche, et les menus détails ajoutés dans la
seconde la compliquent sans l’embellir ‘. Quoi qu’il en soit, ces deux
belles compositions, d’un goût antique, bien curieux à cette date,
semblent être à la fois les plus anciennes de ces « cavallerie » si sou-
vent traitées à la Renaissance, et une interprétation originale du
« Triomphe de la Renommée ». On n’y trouve aucune trace des
symboles singuliers et traditionnels des Trionfi que M. le duc de
Rivoli rappelait récemment aux lecteurs de la Gazette 1 2. En revanche,
cette foule de héros groupés autour de la Gloire représente infiniment
mieux Vhonorata genle dont parle le poète; si le char, les couronnes,
les chevaux sont étrangers au texte de l’œuvre italienne comme à
celui de l’œuvre latine, il est du moins permis de croire que l'inspi-
ration de la scène vient de Pétrarque lui-même, et la provenance do
notre manuscrit semble, comme on va le voir, justifier cette suppo-
sition.

L’histoire du volume est, en effet, facile à faire. Il a été achevé
de transcrire le 25 janvier 1379, quatre ans et demi après la mort de
Pétrarque, de la propre main de l’auteur du supplément posthume,
Lombardo délia Seta. Il est tout entier de la même main et il a, pour
le texte entier du De Viris, plus d’autorité que tous les autres
manuscrits. Enfin il a été exécuté pour le personnage à qui Pétrarque
avait dédié son ouvrage et à qui Lombardo adressa aussi le sien, à
François de Carrare, seigneur de Padoue, l’un des principaux Mécènes
de son temps, qui fut toujours, pour le poète, le plus généreux et le
plus dévoué des amis. C’est donc l’exemplaire do dédicace, que
Pétrarque aurait fait faire, s’il eût assez vécu pour achever son livre,
et qu’il a peut-être vu commencer sous ses yeux 3.

Ces faits sont établis par les souscriptions du manuscrit, dont il

1. Le char se présente dans une gloire d’un fâcheux effet; on y lit deux fois
l'inscription GLO-RIA; les génies envolés sont au nombre de six, dont deux sou-
tiennent des attributs bizarres et mal conservés (des ailes?), que le graveur de
M. Müntz a essayé de restituer. Les personnages sont moins nombreux; beaucoup
ont déjà la tête couronnée; aucun cheval n’est caparaçonné. Je ne connais pas
jusqu'à présent d’autres grandes miniatures analogues servant de frontispice au
De Viris de Pétrarque; celle que m’a signalée M. Novati à l’Ambrosienne (II. 49 sup.
xve siècle) représente seulement un roi à cheval, probablement Romulus.

2. 2' pér., t. XXXVI, p. 3t.

3. Rien ne s’oppose à ce que les premiers cahiers aient été exécutés du vivant
de Pétrarque, y compris le portrait; mais celle hypothèse ne peut être appuyée.
 
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