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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0208

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FRANÇOIS RUDE. 187

Les dossiers que j’ai dépouillés contiennent fort peu de pièces
relatives aux trophées. Essayons de suppléer à ce qui manque. Une
note de M. Thiers, ministre de l’Intérieur, annexée à un rapport de
M. Edmond Blanc, secrétaire général des travaux publics, prescrit,
entre autres choses, de « demander des propositions de sujets et des
esquisses ». A qui s’adresse l’administration et qu’obtient-elle? — Je
n’en sais rien. Pour ce qui est de Rude, j’ai lieu de croire que
M. Thiers lui a fait des ouvertures lui-même. Il est, certainement,
en relation avec lui depuis le Salon de 1828, où il s’est engoué de son
Mercure au point d’en désirer une réduction que l’artiste a promis de
lui modeler h Rude, à ses yeux, a le prestige d’avoir mené à bien la
décoration d’une grande salle de château royal, en Belgique. On con-
naît, du reste, cet homme d’État prompt à s’assimiler toute chose,
mobile, insinuant, jouant avec ses auditeurs comme le chat avec la
souris, intarissable de paroles, ne s’écoutant pas, aimant qui l’écoute,
habile à faire miroiter de belles promesses incertaines. Il aura ébloui
le candide sculpteur en lui exposant ses vues et l’invitant à s’y associer.
Il lui aura parlé de commandes possibles, de commandes probables.
Et Rude aura vu, en des mirages oratoires, se lever ardemment les
Volontaires de 92; et les vétérans des vieilles guerres joncher les
steppes glacées de la Russie; et tous les vaillants s’unir pour la.
défense du sol de la patrie; et refleurir la paix, enfin, sur nos hori-
zons mornes. Quelles poignantes visions! Quelles tragédies à faire
tressaillir dans la pierre! Alors il se sera mis à l’œuvre, à grands
coups de crayon, jetant ses conceptions pêle-mêle, puis les resser-
rant, les coordonnant. Et de là ces quatre compositions de trophées
et ce projet de couronnement, tracés sur papier calque et que nous
possédons au Musée du Louvre1 2. Un seul des biographes de Rude,
Théophile Silvestre, paraît avoir connu cet ensemble d’inventions
qui se dégrossissent; mais il les qualifie trop en bloc et l’on
m’approuvera, j’imagine, d’en offrir ici une description plus
précise 3.

Les quatre motifs des pieds-droits peuvent s’intituler : le Départ,
le Retour, la Défense du sol et la Paix, et le motif de couronnement,
auquel nous viendrons plus loin, est proprement une apothéose de
Bonaparte. Un Génie, ceint de la cuirasse, ses grandes ailes éployées,

1. Celte rédaction originale est aujourd’hui au Louvre, dans la collection Thiers.

2. Ces dessins figurent dans les portefeuilles de la collection Gatleaux, léguée
au Louvre, il y a plusieurs années.

3. Théophile Silvestre, les Artistes français (étude sur Rude).
 
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