Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0211

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
190

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qu’il ne le croit lui-même et où l’on souhaiterait qu’il pût s’engager
franchement.

Pareilles tendances se dénotent dans les deux compositions sui-
vantes, mais avec bien moins de force et bien plus de mélange. Ici,
c’est la Défense du pays, symbolisant l’effort de 1814. Un héros à la
façon de Louis David, nu et casqué, armé du bouclier et de la lance,
tenant encore à la main les palmes des anciens triomphes, vient
s’abattre, mourant, devant l’autel de la Patrie, autour duquel on se
bat toujours. A terre, un chapiteau et un vase antiques. Dans l’air,
une Gloire ailée portant dans ses mains une verte couronne et une
statuette de la Victoire. Là, pour faire vis-à-vis au drame de
l’Invasion, l’idylle de la Paix, — une sorte d’arrangement de
médaille d’où monte une figure aux ailes ouvertes, à la tête pen-
chée, coiffée du bonnet phrygien, arborant une branche de laurier
et, de sa main droite étendue, protégeant le guerrier, richement
armé et drapé, qui remet au fourreau son glaive, le laboureur nu,
au front bizarrement couvert d’une coiffure à visière assez semblable
aux casquettes de nos jockeys, qui rajuste le collier de ses bœufs, et
le matelot, sans vêtement aussi, accroupi, chargé d’une ancre,
auprès de son navire aux voiles repliées. Mais ce groupe est, sans
contredit, le plus faible de tous.

On ne saurait juger, d’après ces croquis, de ce qu’auraient pu être
les œuvres exécutées. Les intentions qui s’y font jour s’y fussent,
évidemment, accusées en des formes plus typiques, en des agence-
ments meilleurs. N’est-ce rien, cependant, que de pouvoir constater sur
ces feuilles, déjà marquées de visées certaines, une aspiration de l’art
classique à secouer le joug de son propre idéal? Pour le fond des
idées, il semble trahir, chez Rude, une recrudescence, inconsciente
peut-être, du vieil esprit républicain. Seulement, combien l’anarchie
tient sa cervelle ! S’il célèbre la Révolution avec le Départ des volon-
taires, s’il réprouve les guerres d’ambition de l’Empire dans la
Retraite de Russie, s’il fait honneur au parti libéral des dévouements
de 1814, il coiffe bien gratuitement du bonnet phrygien la Paix
de 1815, qui est une paix royaliste, et voilà, par surcroît, qu’il
songe à décorer le faite de l’Arc-de-Triomphe d’une allégorie du
César de Corse personnifiant la Révolution et la Liberté. Étrange
amalgame historique et politique, dont je voudrais bien savoir ce
qu’a pensé M. Thiers.

La tradition rapporte que celui-ci aurait, néanmoins, commandé
au maître la sculpture des quatre pieds-droits. Je n’ai rien trouvé qui
 
Annotationen