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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0212

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FRANÇOIS RUDE.

191

confirme un tel dire et, jusqu’à nouvel ordre, je n’y croirai point.
En revanche, il me paraît hors de doute qu’il lui réserve les deux
trophées du côté de Paris. Au bref, la première esquisse approuvée,
Rude entreprend aussitôt le Départ. Or, à ce moment, le ministre fait
la connaissance du sculpteur Etex, l’auteur d’un Caïn qui passionne
la foule au Salon de 1833. Plein d’entregent et de confiance en soi,
tout de suite Etex est son homme *. A lui les deux trophées du côté
de Neuilly.

Rude continue à travailler lentement, posément, prudemment,
cherchant et recherchant sans cesse. Ne parlez pas à M. Thiers de
ces inquiets longs à produire. Leurs scrupules l’impatientent dans
ses fébrilités d’improvisateur. Mais, sur ces entrefaites, le ban et
l’arrière-ban des hautes influences seront intervenus. « Comment !
on n’a rien donné à l’habile Cortot, à l’austère Cortot, à Cortot
que ses travaux officiels ont empêché de sculpter les Renommées du
grand arc attribuées, à son défaut, à Pradier ! Allons! dépêchez...
Qu’il ait sa part. — Faudra-t-il donc dépouiller Etex d’un de ces
deux groupes ? — Ah ! non ! Il est trop remuant, cet Etex. Il s’agi-
terait comme un beau diable et causerait mille embarras. Dépouillez
Rude plutôt. Celui-là se laissera faire. » C’est ainsi, suivant l’appa-
rence, que Rude en est réduit à son seul Départ. Mais cela pourra
suffire à l’illustrer, après tout, et même à illustrer l’Arc de l’Etoile.

Quoi qu'il en soit, l’artiste mène son œuvre avec âpreté. Ses
dessins nous l’ont fait entrevoir dans le labeur extrêmement pénible
de sa conception, débrouillant peu à peu ses pensées touffues et
confuses et ses formes mal nouées entre elles. Ses élèves nous le
montrent multipliant ses petites esquisses afin de resserrer son
motif et de se rendre compte de tout. Le Musée des arts décoratifs de
Paris possède actuellement une des premières idées du Départ —
celle, probablement, qui fut soumise à M. Thiers et qui a si long-
temps moisi parmi les poussières et les humidités du Dépôt des
marbres. Au Musée de Dijon, l’on voit un modèle en plâtre plus
grand et plus achevé. D’essai en essai, Rude rectifie, améliore,
complète1 2. Son talent se fortifie de patiences sans fin. Pour la figure

1. Cf. Elex, Souvenirs d'un artiste.

2. Il sied de relever les différences entre le modèle de Dijon et l'exécution
définitive. Dans le modèle de Dijon, le chef qui marche en avant porte un casque
antique, est ceint d’une peau de loup, fait un geste d'appel et lient le glaive sur
son bras au lieu d'ètrc en cuirasse, en colle de mailles et en grèves^d’agiter son
casque et d’avoir son glaive en bandoulière. Le jeune homme qui s’avance à ses
 
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