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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0216

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FRANÇOIS ItUDE. 195

mais l’auréole d’un couronnement va manquer à son faîte. I)e quel
char de victoire, de quel envolement de Génie le surmontera-t-on ?
C’est ici que la statuaire doit faire, par-dessus tout, resplendir l’apo-
théose et sonner ces fanfares qui retentissent dans les siècles. Mais
en l’honneur de qui se prolongeront ces fanfares, s’éterniseront ces
splendeurs? L’Empire a conçu et entrepris le monument : l’Empire
est tombé. La Monarchie restaurée l'a poursuivi : ses lis flétris
jonchent la terre. Louis-Philippe est en passe de l’achever : qui sait
combien de temps chantera le coq symbolique de sa dynastie? Chaque
gouvernement a ajouté sa pierre à l’édifice, y croyant sceller sa propre
gloire à l’exclusion de toutes les autres, et c’est d’une montagne
d’illusions et de confusions qu’est fait cet Arc de triomphe, auquel, en
définitive, la foule ne reconnaît qu’un sens : la commémoration de
l’Empire.

M. Thiers, en cette traverse, singulièrement embarrassé, s’adresse
de nouveau à tous les sculpteurs et les met en mal de projets. « Son
Excellence n’a pas voulu ouvrir ce qui s’appelle un concours, écrit
Cave, le naïf directeur des Beaux-Arts, àFoyatier *, mais simplement
s'éclairer par la vue de beaucoup d’ouvrages, sans se marquer, d’ail-
leurs, un délai pour fixer son choix. » Je n’imagine pas que le ministre
ait eu connaissance de cet imprudent aveu, lui qui se targue de
leurrer les artistes par d’adroits compliments et de se les attacher
« par l’espérance » ; seulement, son incertitude s’y peint au vif. Il a
bien pu supprimer les statues des Villes de France dont Huyot eût
souhaité voir ceindre son attique, et adopter, comme base du couron-
nement, l’acrotère dessiné par Blouet; la question n’a pas avancé
d’un pas. Quel sujet choisir? A quel ordre d’idées s’arrêter? Il éprouve
le besoin de consulter tout le monde. Sa perplexité rappelle exacte-
ment celle de Desplan, l’ornemaniste, lequel, pris d’un vague effroi,
au moment d’exécuter des ornements d’un goût tout classique, inter-
pelle ainsi l'administration : « Je m’attends à de terribles critiques.
Trophées, oiseaux de toute espèce, palmettes, etc., nul emblème, au
milieu des commotions politiques qui se succèdent chez nous depuis
quarante ans, n’a eu le temps de devenir populaire et ne peut, de
prime abord, réunir tous les suffrages. Les censeurs eux-mêmes
seraient bien empêchés d’indiquer quelques motifs à substituer aux
nôtres. On s’accordera seulement à désirer que le monument soit terminé i.

i. Archives nationales : Lettre de Cavé, directeur des Beaux-Arts, ù. loyaliei,
23 juillet 1834.
 
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