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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0218

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197

FRANÇOIS RUDE.

l’on devrait en former deux groupes, séparés et liés à la fois par une figure colos-
sale de la France victorieuse, sur un char de triomphe. Et, pour mettre de l’unité
dans chacun de ces groupes, on pourrait ranger l'un autour de Napoléon, et
l’autre, par exemple, autour de Carnot, l’homme qui organisa la victoire des
armées révolutionnaires et qui ne fut peut-être pas moins grand que Napoléon
lui-même.

« D’un côté, le grand théoricien, de l’autre, le grand praticien militaire. Nos
deux belles époques se trouveraient ainsi en présence. Autour de l’empereur, ses
ducs, ses princes, ses maréchaux; autour du Citoyen, la simplicité républicaine.
Là, Masséna, Desaix, Lannes, Ney, Murat, Eugène Beauharnais; ici, Kléber,
Hoche, Joubert, Marceau, Jourdan, peut-être La Tour d’Auvergne, et pourquoi
pas Moreau? La mémoire du vainqueur de Hohenlinden doit être réconciliée avec
la France; elle doit en obtenir un généreux pardon. — Mais comment placer
Moreau, près de Bonaparte, son persécuteur? Qu’il figure, plutôt, en témoignage
d’absolution, auprès du Patriote sans reproche, auprès de Carnot, qui fut long-
temps son ami. — El Kléber, et Hoche surtout, pourquoi ces généraux que la
mort seule a empêché de s’élever à la même gloire que Napoléon, et peut-être
à la même ambition, figureraient-ils parmi ses lieutenants? 11 y aurait là anachro-
nisme et injustice. Mellez-les à côté de l’homme qui sut deviner leur génie et les
révéler, pour ainsi dire, à eux-mêmes. Cet Olympe de héros guerriers distribués
habilement en deux groupes, offrirait, je n’en doute pas, un admirable coup d’œil
et satisferait à la fois les amis de l’Empire et ceux de la Révolution.

« Examinez cette idée, Monsieur le Ministre, avec votre sentiment éclairé des
Beaux-Arts, avec le sentiment qui vous animait quand vous avez écrit, en pages
éloquentes, les grandes époques que l’Arc de Triomphe est destiné à rappeler.»

Ainsi s’exprime M. de Paulet, donnant aux théories du juste
milieu le tour le plus inattendu et mesurant, sans s’en douter,
l’incohérence des doctrines propagées par M. Thiers. La lettre est
curieuse, au point de vue moral, jusqu’au degré divertissant, mais,
au point de vue de l’Art, les indications n’en valent guère. On voit
d’ici l’entassement de cent figures héroïques s’échelonnant au
sommet de l’Arc comme aux pentes d’une colline. En trop bel ordre,
elles sembleraient rigides; en ordre pittoresque, elles causeraient,
de loin, une impression de désarroi. Cependant, d’autres proposi-
tions se font jour, diverses et très nombreuses. Dès le 9 mai 1834,
James Pradier est prêt à soumettre au ministre un projet de cou-
ronnement. Quelle en est la donnée? L’artiste n’en dit rien, mais
Blouet, à ce moment, prône si fort les avantages du quadrige que
j’incline à supposer qu’un quadrige forme le motif principal. Moyen-
nant une centaine de mille francs, on exécuterait l’œuvre en pierre
préparée comme aux voûtes du Panthéon et, de ce fait, dure comme
le marbre. Avec cinq ou six mille francs de plus, l’ensemble recevrait
une riche et solide dorure, qui en magnifierait l’aspect. Il ne reste
 
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