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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0219

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198

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

pas trace de ce projet, hormis le petit billet du sculpteur, d’où je tire
ces détails.

De son côté, Foyatieraune grande composition en tète. Laquelle?
Je ne sais, mais je vois, aux Archives, que M. Thiers est convié,
le 25 juillet 1834, à examiner l’esquisse. Il en coûterait environ
250,000 francs de la réaliser. C’est un gros denier, à ce qu’il semble,
et les choses en restent là.

Yers le même temps (14 juin 1834) le roi a reçu d’un sieur
F. H. Chauvin, conducteur des ponts et chaussées à Beauvais, un projet
naïvement drolatique, appuyé d’un dessin. L’acrotère est complète-
ment dissimulé sous une gigantesque couronne royale sommée d’un
coq et, si je ne me trompe (le croquis étant un peu vague) décorée,
au-dessus du bandeau, de fleurs de lis et de fleurons. Sur les piédes-
taux qui coupent la balustrade de la terrasse, des aigles étirent
leurs ailes. Ce conducteur des ponts et chaussées n’a peur de rien.

Un vœu plus digne d’attention émane, au commencement de
l’année suivante1, de M. C. Farcy, membre de la Société royale des
antiquaires de France, directeur du Journal des Artistes. Au plus haut
de l’édifice, un aigle colossal dessinerait en plein ciel son envergure
démesurée, une couronne de lauriers dans son rostre et comme
s’abattant sur un amas de drapeaux et d’armes brisées. Ce thème a,
tout d’abord séduit le ministre, au point qu’il s’en est ouvert à
Blouet : « Non, répond Tarchitecte, un aigle de soixante pieds serait
hors de proportion avec toutes les autres sculptures; les formes
maigres et découpées du dessin de M. Farcy ne sauraient s’accorder
aux lignes architecturales, et l’idée même qui plaît à l’imagination
comme expression poétique n’est, peut-être, pas admissible pour le
monument sévère auquel on veut l’appliquer. » De telles objections
manquent de force, et la dernière, spécialement, ne supporte pas
l’examen. Farcy défend son projet toute une année, d’une grande
énergie, sans nul succès. Il n’est pas hors de propos de rappeler que
deux sculpteurs, par la suite, ont repris son programme. Chardigny,
en 1836, rêve de poser un aigle de soixante-dix pieds sur un hémi-
sphère accosté, à ses deux pôles, des deux allégories de l’Orient et
de l'Occident; et notre admirable Barye sollicite, un peu après,
l’honneur de modeler un aigle de vingt mètres, les ailes étendues
et tombant, à bout d’essor, parmi les trophées de nos guerres 3. L’ad-

1. Lettre du 12 janvier 1833.

2. Cf. Inventaire des richesses d’art de la France, l’étude sur l’Arc de Triomphe,
par II. Jouin, et la biographie de Barye par Arsène Alexandre.
 
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