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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0221

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GAZETTE DES BEAUX-AIITS.

son cheval au galop sur le globe du monde. De sa main gauche, le
héros tient le sceptre avec la bride, et la droite, rejetée en arrière,
brandit le glaive large et court. Il va, tranquille, sûr de soi, gouver-
nant son cheval qui se cabre, sondant l’horizon du regard. La Victoire
le suit à grand vol; son aigle immense le couvre de son ombre, le
bec ouvert, le cou tendu, la foudre dans les serres. A terre, une tête
de bélier, une tête de bélier exprimant peut-être les fécondités du
sol suspendues par la guerre, et un autre objet qui paraît être une
couronne tombée dans la boue. L’esprit inquiet de l’artiste se travaille
à sous-entendre, par tout moyen, le plus d’idées possible. Observez
qu’en évoquant son jeune César, c’est à Bonaparte qu’il a pensé plutôt
qu’à Napoléon, — au Bonaparte d’Arcole et de Lodi, à qui nous le
verrons bientôt consacrer un autre hommage.

Ce groupe n’est pas au goût du ministre, qui engage le sculpteur
à lui présenter un nouveau sujet. Rude ne se tient pas pour battu.
Coup sur coup, au dire de son ami Théophile Silvestre1, il pro-
pose un Quadrige triomphal et une colossale statue de la France, le
front radié, ayant à ses pieds un aigle aux serres emplies de sceptres
brisés et de couronnes et entourée d’images symboliques des Puis-
sances vaincues. Ces projets ne se recommandent, assurément,
d’aucune nouveauté; mais, chez Rude, nous savons déjà combien
lente et pénible est la conception. Toute œuvre qu’il conçoit s’offre à
son esprit, dans le principe, non claire et définie, mais confuse, ainsi
que dans un brouillard. Les foimies, peu à peu, se condensent, se pré-
cisent et s’éclairent au prix d’une série de recherches. Par un travail
acharné, il affine progressivement sa pensée à travers vingt esquisses,
jusqu’à ce qu’il ait senti la possibilité de faire transparaître quelque
chose de ce qui s’émeut en lui.

Que sont devenues ses maquettes, si nombreuses, hasardées en
vue du couronnement de l’Arc de l’Étoile? Elles sont détruites ou
perdues. Nul intérêt durable no se cache, à son avis, en ces ébauches
mal débrouillées. Dès l’œuvre achevée, ou abandonnée, autant les
laisser disparaître. Mais quelle ardeur il apporte dans ses études et
comme il se tient naïvement assuré des préférences de M. Thiers !
Celui-ci l’a fait renoncer à son Quadrige triomphal ; qu’à cela ne tienne !
Il se rejette sur le Triomphe de la France. La commande tarde à venir.
Eh! qu’importe? Elle viendra... « Vous vous obstinez en vain, lui
disent quelques-uns. Etex, qui est le confident et le conseiller du

1. Ch. Silveslre : les Artistes français (étude sur lludc).
 
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