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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Fourcaud, Louis de: Francois Rude, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0226

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FRANÇOIS RUDE. 1 205

Enfin, le jour approche. De la place de la Concorde à la barrière
de Neuilly, ce ne sont qu’ouvriers dressant un féerique décor. Près
des chevaux de Marly, six colonnes triomphales, faites d’une
mosaïque de lampions de couleur, se pavoisent, à leur sommet, de
drapeaux tricolores. Jusqu’au rond-point des Champs-Elysées, une
colonnade s’allonge, toute mouvante d’oriflammes qui flottent et
parée de guirlandes. Plus loin, l’aspect change; des mâts blancs,
annelés de rouge, servent d’appui aux cordons de lanternes colorées.
Au carré Marigny, plusieurs théâtres en plein vent s’installent et
des'estrades, çà et là, se disposent pour des orchestres de danse et
d’harmonie. Dans les contre-allées, les charpentiers montent de
petites boutiques, au nombre de soixante-quatre, d’un arrangement
coquet, légères et brillantes à voir, oriflammées, ornées de devises
et d’attributs militaires et portant, chacune, à son fronton, le nom
d’une victoire. Autour de l’Arc, voilà encore douze mâts peints et
dorés qui s’érigent, avec huit colonnes rostrales enrichies d’écussons
et surmontées de trophées d’armes et huit candélabres en bronze,
dont les feux embraseront la base du monument, tout dessiné en sa
hauteur par des lignes de gaz. Au delà, c’est la foire bruyante et
grouillante, avec ses bateleurs, ses cirques, ses ménageries, ses
sauvages, ses nains, ses géants, ses monstres et ses phénomènes,
exhibés à grand renfort de bruit. A chaque fenêtre des drapeaux se
suspendent, des lanternes s’accrochent. On n’aura jamais rien vu
d’aussi éclatant, d’aussi varié, d’aussi joyeux.

Et la fête s’ouvre, au matin du 29 juillet, par des salves d’artil-
lerie. Vers dix heures, à la fin de la revue de la garde nationale,
soudain, au son strident des trompettes,- les toiles frissonnent, de
haut en bas du monument, comme déchirées par un vent d’orage;\_et
tombent toutes à la fois. Tel qu’une porte sacrée ouverte sur l’infini,
l’Arc apparaît, radieusement blanc, inondé de soleil. Une indicible
acclamation retentit; des milliers de mains se tendent, agitant des
chapeaux et des mouchoirs. Ajoutant encore à ce beau tumulte,
des musiques militaires commencent à jouer des airs de la Révo-
lution et de l’Empire. La foule, aux alentours, se masse et se renou-
velle sans cesse et, dans les interminables clameurs qui se répon-
dent de tous côtés, ces deux cris se mêlent toujours sans que
personne s’en offusque : « Vive Napoléon! Vive le Roi!... »

1 -Veut-on des brochures explicatives? On en vend à qui en
demande, où l’on trouve l’histoire de l’édifice, la description des
sujets sculptés et le nom des sculpteurs. Mais, en vérité, 1 on
 
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