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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Geymüller, Heinrich von: Le passé, le présent et l'avenir de la cathédrale de Milan, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0241

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220

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

une partie de leurs compositions, les détails surtout, agirent sur les
architectes lombards, et c’est en eux-mêmes, dans leur propre intérieur,
que s’opéra ce mélange, ce compromis entre les idées du midi et celles
du nord, qui constitue le signe distinctif, le caractère fondamental
du monument. Nous pourrions poursuivre ce compromis depuis le
plan même du temple, de son fondamento jusqu’à la falconatura, cette
dentelle à jour, qui en borde toutes les corniches. Et, en présence
des proportions variables du mélange des deux influences opposées,
on hésite parfois avec Fergusson à se demander : « si le compromis est
le résultat de l’introduction des traits italiens dans une cathédrale
gothique, ou plutôt de ce que l’on ne permit à l’architecte allemand
que de décorer une cathédrale italienne 1 ».

Pour nous, le monument, à part son transsept et son chœur avec
pourtour, est une basilique’latine comme celle de Saint-Paul-hors-
les-Murs ou comme la cathédrale de Pise, par exemple, seulement
voûtée avec des arcs en tiers-point, en un mot un édifice antique
dans une robe gothique. La cathédrale de Milan est la contre-partie
exacte des églises de Belem en Portugal, de Saint-Eustache à Paris
et de la cathédrale de Grenade, où de magnifiques intérieurs gothiques
sont revêtus de formes de la Renaissance à des degrés de développe-
ment différents, avec des détails parfois milanais. Elle renferme,
enfin, l’intérieur le plus important de l’Italie, basé sur le principe
des entrecolonnements égaux et serrés, par opposition aux travées à i.

i. Celte persistance de s’adresser pendant la période de gestation du monument,
et, à toutes les époques où il s’agit d’invention, à des architectes allemands, fait
qui ressort d’une façon indiscutable depuis la publication intégrale des archives du
Dôme, embarrasse ceux des architectes milanais qui soutiennent que leur cathé-
drale est un édifice purement lombard. Ils cherchent à l’expliquer par l’hypothèse
que les étrangers étaient des constructeurs plus savants dans un style qui n’était
pas italien, et que les Milanais habitués à bâtir jusque-là en briques, eurent besoin
de conseils lorsque l’on décida d’ériger la cathédrale en pierres de taille, ou en
marbre blanc. En admettant, mais avec beaucoup d’hésitation, qu’il puisse y
avoir là une petite trace de vérité, cette raison ne saurait à nos yeux constituer
la vraie explication, d’autant moins que, dès le début, dans la fixation des piliers
et des contreforts, nous voyons appararaître des dimensions et des proportions
basées sur le coefficient de résistance du marbre, si supérieur à celui des pierres
emploj'ées par les architectes étrangers. Nous avons le procès-verbal des vives
critiques de Jean Mignot relatives aux dimensions prétendues insuffisantes, des
piliers du chevet, alors qu’une existence de cinq siècles a démontré avec éclat leur
non fondé, et justifié pleinement les mesures et les dispositions adoptées par les
ingénieurs milanais, malgré toutes les critiques, explicables d’ailleurs, des franco-
allemands.
 
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