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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Watteau, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0249

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WATTEAU.

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rose : elle fait chanter, par le contraste, les verdures dorées du
paysage. Pour la coloration et pour la lumière, ce tableau touche
au miracle.

D’après Bürger (Paris-Guide, 1867), Watteau serait représenté
par une grande Fête champêtre chez les héritiers de M. le baron
James de Rothschild. Il est aussi chez M. Eudoxe Marcille, et on
le retrouve à Chantilly. En 1874, M. le duc d’Aumale exposait au
Palais-Bourbon Y Amour désarmé, toile ovale qui a fait partie de la
collection de Julienne et dont nous avons la gravure par B. Audran.
A la même exposition, Mme Lyne Stephens montrait la Gamme
d’amour, beau tableau connu par l’estampe de Lebas. Mais comment
poursuivre cette liste en un temps où les collections se forment si
vite et s’égrènent si rapidement?

Un nouveau Watteau, dont personne n’avait parlé, vient de se
révéler à Paris. Un amateur, M. M. Bernstein, a acheté au mois de
novembre 1889 un tableau qui avait échappé aux graveurs du
XVIIIe siècle. Faute d’un titre meilleur, nous l’appellerons VHeureuse
rencontre. C’est un Watteau assagi et qui, tout d’abord, déconcerte
un peu ceux qui, sous la conduite du maître, se sont embarqués pour
Cythère. Deux personnages, un jeune homme et une jeune femme,
sont debout dans un paysage chimérique et peu écrit. A droite et à
gauche des figures inventées pour meubler la composition. Peu de
mouvement, peu de flamme. L’entretien de l’amoureux et de l’amou-
reuse semble froid et c’est en songeant à un tableau pareil que Caylus
a pu dire que Watteau n’a jamais exprimé aucune passion. Les
figures accessoires et le paysage sont faits de pratique et n’ont pas
l’accent résolu que le peintre trouvait devant la nature. Les fonds
sont d’une coloration légère et semblent avoir été tenus assez pâles
pour faire valoir le groupe central qui s’enlève sur l’ensemble comme
une tache très colorée et qui, à vrai dire, constitue tout le tableau. Ces
deux figures, qui ont l’amour si tranquille et qu’aucune fièvre ne
tourmente, sont délicieusement peintes. La tête du jeune homme, les
chairs de la jeune femme présentent des surfaces douillettes sur des
dessous résistants. La peinture est grasse, volontaire, savante.
L’agilité de la touche, — celle d’un maître qui a étudié Téniers, —
est visible dans les plis de la collerette de l’amoureux, dans son cos-
tume et jusque dans son soulier galant. L'Heureuse rencontre est un
tableau sans délire, mais très instructif : il nous montre le peintre,
non pas timide, mais appliqué et pris d’un accès de sagesse.

En dehors de Paris, la France provinciale n’est pas très riche en
 
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