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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Watteau, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0253

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WATTEAU.

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l’amour, au fond, de grands arbres d’une fantaisie élégamment déco-
rative. Ces deux compositions paraissent avoir échappé aux graveurs
du dernier siècle.

Il y a trois Watteau au Musée de Berlin : l’Amour au théâtre
français, Y Amour au théâtre italien, tous deux gravés par C.-N. Cochin,
lorsqu’ils appartenaient à M. de Rosnel, et beaux l’un et l’autre; le
troisième, moins intéressant, est le petit tableau reproduit par
Moyreau sous le titre la Cotation. Je connais bien cette peinture,
ayant eu le loisir de la décrocher et de l’étudier à mon aise, lors-
qu’elle appartenait à M. Suermondt. C’est une œuvre parfaitement
authentique, avec une particularité toutefois que nous avons signalée
jadis, et qui aujourd’hui nous étonne encore. La tête d’une des
femmes n’appartient pas au type dont Watteau s’inspire d’ordinaire.
On dirait qu’une main profane a refait ce jeune visage, et cependant
la peinture ne porte aucune trace de restauration. On se rappelle le
motif, qui est le plus simple du monde. La Cotation groupe deux
femmes assises sur le gazon : chacune d’elles a son amoureux, l’iso-
lement n’étant pas de bon goût dans les campagnes cythéréennes de
Watteau. Un plat d’argent, quelques débris de choses grignotées
entre deux baisers sont épars sur l’herbe verte, mais en voit bien
que le repas a été léger, de si charmantes figures vivant de tendresse,
d’esprit et de l’air du temps. Ce petit tableau est d’une coloration
ravissante.

Mais il y a à Berlin un amateur, qui, grâce aux intelligentes
acquisitions du grand Frédéric, est plus riche que le Musée. C’est
l’empereur d’Allemagne. Il a douze tableaux de Watteau, si l’on
compte pour deux la fameuse Enseigne de Gersaint dont les deux
moitiés n’ont pas encore été réunies dans le même cadre. Ces AVatteau
ne sont pas inconnus : neuf d’entre eux ont été vus par tous les
amateurs de l’Europe, lors de la belle exposition rétrospective orga-
nisée en 1883, à Berlin, à l’occasion des noces d’argent du Kronprinz
et de la future impératrice Frédéric. Notre ami M. Ephrussi a
entretenu les lecteurs de la Gazette de cette exposition mémorable1 et
M. Braun a d’ailleurs rapporté les photographies des chefs-d’œuvre
qui y étaient réunis. En outre, M. Bode et M. Dohme ont consacré à
cette solennité une brochure qui en conservera le souvenir. 1 2

1. Gazette des Beaux-Arts; 2e période, t. XXIX, n°“ 273, 337 et XXX, p. 97.

2. Dans la brochure des deux écrivains allemands, Die Ausslellung von Gemœt-
den œltercr Meister im lierliner Privatbesitz (Berlin, 1883), c’est M. lt. Dolirne qui
 
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