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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Watteau, 6
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0256

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234

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Une centaine de figurines dans une espèce de parc avec fontaines, collages,
lentes, bouquets de grands arbres et un fond de feuillages azurés. Tous ces petits
groupes sont fort occupés : on cause, on boit, en danse, on festoie, on fait la noce
enfin. C’est très gai et très spirituel, mais un peu mince d’exécution. Je n’ai pas vu
le reçu qui doit porter la date de la peinture (non signée, — Walteau ne signait
point), mais elle est certainement de sa première jeunesse. On y trouve encore l’in-
fluence des improvisateurs de panneaux décoratifs, dans les femmelettes un peu
poupées d'éventail, dans le dessin des extrémités' et dans les traits du visage, à
peine marqués par quelque touche de vermillon *.

A Madrid, deux Watteau, qui proviennent de la collection d’Eli-
sabeth Farnèse, mariée à Philippe Y, en 1714. Us sont parfaitement
authentiques : le premier, qui représente les préparatifs d’une noce,
rappelle la composition de VAccordée cle village, gravée par N. de
Larmessin, et c’est peut-être, comme l’indique Edmond de Goncourt,
la première pensée du tableau définitif. La jeune épousée y parait
une couronne de fleurs blanches suspendue au-dessus de sa tète ; elle
est placée entre le fiancé et le tabellion. Cette couronne, attachée à
une draperie, devait être un usage d’origine flamande, car, chez
Teniers, on ne se marie pas sans ce décor fleuri. Le tableau, long-
temps exposé dans les appartements du palais de Saint-Udefonse, est
un peu noirci par endroits, mais charmant.

Le second Watteau du Musée de Madrid, de la même dimension
que le précédent, est intitulé au catalogue de 1882 : Vista tomada en
los jardines de Saint-Cloud,t con fuenles y boscaje. Ce titre, d’invention
moderne, est un peu aventureux. Watteau n’avait pas besoin d’aller
à Saint-Cloud pour voir des fontaines rustiques et des cascades jaillis-
santes. Il a toujours aimé à introduire dans ses paysages des archi-
tectures plus ou moins chimériques : le tableau de Madrid a un air
de famille avec le Bosquet de Bacchus, gravé par C.-N. Cochin. Les
dames et les caballeros, étendus sur l’herbe, sont de l’exécution la plus
délicatement spirituelle.

Reste l’Angleterre, et c’est ici que le catalogueur rencontre les
plus redoutables broussailles. Lorsque, guidés par les estampes du
xvme siècle, nous avons commencé, il y a plus de trente ans, à cher-
cher les Watteau disparus, on nous disait : « Ne perdez pas votre temps
à des poursuites vaines : tous les Watteau sont en Angleterre ». I.

I. W. Bürger, Galerie d’Arenberg, 1869, p. 108. A la page précédente, Bürger
a dit que les archives de l’hôtel d’Arenberg conservent encore le reçu du peintre.
Si ce document existe, le duc devrait autoriser un de nos amis à le publier. La vie
de Watteau est plus mystérieuse que celle de Mantegna.
 
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