Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 3.1890)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

archéologues ou non archéologues, à l’Exposition rétrospective du
Trocadéro, en 1889.

Le Christ en majesté est décrit, ainsi que suit, par M. E. Molinier :

« Plaque de reliure. Émail cloisonné et champlevé sur cuivre.
Travail français. Limoges (fin du xne siècle).

« Dans une auréole en forme de vesica piscis ciselée sur la plaque,
le Christ est assis, les pieds placés sur un escabeau. De la main
droite levée il bénit, de la gauche il s’appuie sur un livre fermé.
Barbu, les cheveux longs, sa tête est entourée d’un nimbe crucifère,
et de chaque côté sont figurés un A et un 12. Les quatre angles de la
plaque, limitée par un grènetis ciselé, sont occupés par les symboles
des Évangélistes : dans le haut, l’ange de saint Mathieu et l’aigle de
saint Jean ; dans le bas, le lion de saint Marc et le bœuf de saint Luc.

« Les têtes du Christ et des symboles des Évangélistes sont en
relief et rapportées. Les mains et les pieds du Christ sont ciselés.
Les personnages se détachent sur un fond uni de cuivre doré, et tout
le dessin des animaux et des vêtements du Christ est exprimé par de
minces cloisons épargnées sur le fond. Les pois qui ornent le nimbe
et les orfrois des vêtements sont cloisonnés. Dans toute cette pièce
l’intention d’imiter un véritable émail cloisonné est évidente, et
nulle part on ne saisit mieux la nuance et la transition entre les
deux procédés.

« Émaux bleu lapis, bleu lilas, bleu turquoise, vert clair, vert
foncé, rouge sombre et blanc. Cette plaque est marquée au revers
d’un A gravé. Hauteur : 0m,236. — Largeur : 0ra,136. »

A cette description si précise et si détaillée, il n’y a rien à
ajouter, mais ce que M. Molinier ne pouvait pas dire, puisqu’il
n’avait pas à apprécier les objets soumis à son analyse, c’est
l’extraordinaire impression de grandeur qui se dégage de l’objet :
on peut en juger par la reproduction qui accompagne notre article;
elle est d’une ressemblance frappante.

IV. TAPISSERIE. Notice par M. Eugène Müntz; 2 gravures dans le texte,

VII planches, 23 pièces cataloguées.

On sait l’importance de cette série; nous n’avons pas davantage
à nous étendre sur le mérite du commentateur; nos lecteurs savent
depuis longtemps quelle autorité s’attache à ses moindres travaux.

Il y a fort longtemps déjà que M. Spitzer songeait à faire faire le